Quand un(e) enseignant(e) doit communiquer une mauvaise nouvelle à des parents.

 

Marie-Ève est une enseignante de 3e année. Un élève de sa classe manifeste des problèmes de comportements depuis quelques jours. Ses parents viennent de se séparer et le père a définitivement quitté le domicile il y a quelques semaines. Elle doit rencontrer les parents ce soir, afin de leur faire part de ce qui se passe en classe. Chaque fois qu’elle doit faire cela, elle se sent un peu nerveuse. Elle ne sait jamais à quoi s’attendre comme réaction chez les parents. Certains semblent indifférents aux difficultés scolaires de leur enfant. D’autres sont insultés que l’on ose critiquer leur progéniture. Il y a aussi ceux qui sont hyperémotifs et qui réagissent soient en fondant en larmes ou en faisant une crise d’angoisse à la simple idée que leur enfant ait été identifié comme ayant des difficultés. Enfin, il y a quand même quelques personnes qui réagissent de façon rationnelle, en s’orientant rapidement vers une recherche de solutions. Elle espère que les parents de son élève en difficulté feront partie de cette dernière catégorie…

Ouf! Pas facile pour les éducateurs et enseignants d’annoncer une mauvaise nouvelle à des parents. Il s’agit toujours d’une tâche délicate. En effet, la plupart des parents sont sensibles lorsqu’on leur parle de leur enfant, surtout lorsqu’il s’agit d’une difficulté chez ce dernier. C’est tout à fait normal.

Les personnes œuvrant dans le milieu de l’éducation doivent user de tact et se montrer compréhensifs face aux émotions qu’un parent peut ressentir lorsqu’il apprend que son enfant vit des échecs ou qu’il a des problèmes affectifs ou comportementaux. De plus, si des parents se montrent plus ou moins indifférents, les enseignants et éducateurs doivent se montrer créatifs afin de développer des façons d’augmenter la motivation de ces parents à se mobiliser pour le bien de leur enfant, et ce, sans les brusquer. Enfin, ils ne doivent pas oublier d’encourager les parents en soulignant les forces de l’enfant et en suggérant des ressources pouvant leur venir en aide et quelques pistes de solutions.

Évidemment, comme dans n’importe quel domaine, de très bons enseignants et de très bons éducateurs peuvent se montrer parfois maladroits dans leur façon de communiquer leurs inquiétudes ou leurs insatisfactions aux parents, ce qui peut donner lieu à des conflits ou à des malentendus. Cela ne leur enlève rien sur le plan de leurs compétences pédagogiques… c’est sur le plan des habiletés de communication qu’il peut parfois y avoir place à de l’amélioration. C’est un peu comme lorsque certaines personnes vous disent avoir le médecin spécialiste le plus compétent au Québec, mais qu’il est très froid dans son attitude et qu’il a une façon brusque d’annoncer les mauvaises nouvelles. Cela ne fait pas de lui un mauvais médecin, mais ses patients ont intérêt à avoir un bon réseau social pour les soutenir au plan moral!

Chers enseignants, chers éducateurs, quand vous voulez adresser un problème aux parents d’un enfant, demandez-vous comment vous aimeriez qu’une personne vous en parle s’il s’agissait de VOTRE enfant. Avant de faire vos recommandations aux parents, prenez le temps de valider leurs émotions, de leur dire qu’il est normal que l’information que vous leur partagez soit inquiétante, culpabilisante ou décourageante. Ensuite, tentez de vous montrer encourageants en suggérant des solutions.

Chers parents, lorsqu’un enseignant ou un éducateur vous transmet ce genre d’informations, dites-vous que vous êtes fort probablement face à quelqu’un qui a choisi ce métier parce qu’il aime les enfants et parce qu’il tient à leur bien-être. Dites-vous que cette personne observe votre enfant dans un contexte où vous ne le voyez pas évoluer. Dites-vous que cette personne possède plusieurs années d’expérience et qu’elle a connu de nombreux enfants… probablement plus que vous! Montrez-vous ouverts aux commentaires et si la personne omet de vous faire des recommandations ou de vous proposer des solutions, demandez-lui de le faire!

Ce genre de situation est souvent difficile à vivre et tout le monde peut faire des erreurs, autant les parents que les enseignants et éducateurs… mais lorsque tout le monde est de bonne foi, une communication cordiale et efficace est souvent possible.

Certains disent qu’il faut un village pour élever un enfant… moi, je vous dis que ce qui est encore mieux, c’est que les gens de ce village aient une bonne communication!

 

 

 

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