Quand l’anxiété envahit un enfant…
Justin, 7 ans, devient de plus en anxieux. Avant d’aller à l’école, il se plaint de maux de ventre. Souvent, il ne veut pas aller à l’école. Lorsque ses parents l’obligent à y aller, il se met à poser des questions démontrant qu’il s’invente fait des scénarios catastrophiques, par exemple :
- Où iras-tu aujourd’hui maman ?
- Est-ce que le chemin pour s’y rendre est dangereux ?
- Et si tu avais un accident ?
- Et si papa oubliait de venir me chercher à l’école ?
- Et si je me sentais mal à l’école?
Les parents sont désespérés… ils voient la souffrance de leur fils et veulent l’aider, mais ses peurs leur demandent beaucoup d’énergie. De plus, ils ne s’entendent pas toujours sur la façon d’aider Justin à se débarrasser de ses inquiétudes. Maman croit qu’il faut le rassurer et le protéger… le respecter tel qu’il est avec son anxiété sans le confronter. De son côté, Papa croit qu’il faut le pousser à affronter ses peurs malgré lui et cesser de le rassurer sans cesse, car c’est un puit sans fond.
Vous en avez certainement entendu parler : les troubles anxieux sont en augmentation, et touchent de nombreux enfants. En fait, la plupart des adultes qui consultent pour un problème d’anxiété disent qu’ils avaient déjà des signes précurseurs ou carrément de vrais symptômes d’anxiété durant leur enfance. Depuis quelques années, nous sommes donc de plus en plus informés, sensibilisés et conscients qu’il est possible qu’un enfant manifeste de l’anxiété. Cela fait ainsi augmenter les statistiques, ce qui est alarmant. Mais le côté positif, c’est que les jeunes qui vivent de l’anxiété sont maintenant dépisté et orientés vers de l’aide professionnelle plus précocement, à un âge où leurs croyances exagérées et leurs comportements inadaptés sont beaucoup plus malléables.
Les facteurs qui peuvent prédisposer un enfant à éventuellement souffrir d’anxiété sont :
- Le fait d’être né avec un tempérament inhibé : les enfants qui ont un tempérament inhibé sont naturellement plus introvertis et plus calmes que la moyenne. Ils pleurent un peu plus souvent et s’adaptent moins bien à tout ce qui est nouveau. Ils peuvent sembler timides. Attention! Si vous reconnaissez votre enfant dans cette description, cela ne veut pas dire qu’il sera nécessairement anxieux. Les risques qu’il le devienne sont plus élevés, mais pas à 100%! De même, si votre enfant a un tempérament complètement différent, ne croyez pas que les risques sont à 0%.
- Les événements de la vie : Si un enfant est victime ou témoin d’événements traumatisants, il pourrait développer un trouble d’anxiété. Cette probabilité sera encore plus grande si l’enfant a, en plus, un tempérament inhibé. De plus, une accumulation de plus petits stresseurs non traumatisants (ex. : séparation des parents, suivie de déménagements, d’un changement d’école et de nouvelles transitions familiales avec l’arrivée de beaux-parents…) pourrait également s’avérer être le déclencheur d’un trouble anxieux.
- Les attitudes parentales : Bien involontairement, les parents, par leur attitudes et comportements, peuvent causer ou maintenir l’anxiété chez leur enfant. En effet, un parent surprotecteur peut transmettre indirectement à son enfant le message implicite que le monde est dangereux et qu’il ne peut l’affronter seul. Inversement, un parent trop négligent au plan de la sécurité de son enfant expose ce dernier à vivre des accidents ou des événements traumatisants. Enfin, si un parent a des réactions anxieuses devant son enfant, ce dernier pourrait adopter les mêmes peurs, par l’effet de l’apprentissage social (c.-à-d. apprentissage par observation).
En lisant ce dernier point, certains parents se sentiront peut-être coupables, réalisant qu’ils ont possiblement contribué à développer l’anxiété chez leurs enfants… Si c’est le cas, il faut plutôt tenter de voir les choses positivement en se disant que si nous sommes en partie responsable de cette anxiété, cela signifie également qu’un pouvoir d’action est entre nos mains.
En effet, les parents peuvent faire plusieurs choses pour aider leur enfant à surmonter son anxiété. D’abord, un parent qui est lui-même anxieux devrait probablement consulter pour sa propre anxiété. En apprenant à mieux gérer ses émotions, il aura moins de comportements anxieux devant son enfant et il aura une attitude moins surprotectrice à l’égard de ce dernier. Si l’enfant peut apprendre à devenir anxieux en observant son parent, il peut également apprendre à gérer son anxiété en observant comment son parent (en thérapie) s’y prend!
Ensuite, lorsque l’enfant manifeste les signes qu’il s’inquiète et qu’il est envahi par des pensées irrationnelles, le parent peut tenter de l’aider à remettre en question son discours intérieur, en posant des questions à son enfant. Par exemple, lorsque Justin demande « Et si Papa oubliait de venir me chercher à l’école », le parent pourrait répondre en demandant « Est-ce déjà arrivé ? Et si cela arrivait vraiment, quels seront les éléments de sécurité autour de toi, quelles solutions s’offriraient à toi ? ». Cela est beaucoup plus efficace que de le rassurer temporairement avec des réponses toutes faites qui ne le convaincront peut-être pas.
On peut aussi amener l’enfant à affronter ses peurs graduellement, par petites étapes faciles, tout en respectant son rythme et en évitant de banaliser sa peur. Lorsque l’enfant affronte un petit défi, il teste la réalité et peut réaliser par lui-même que ses peurs n’étaient pas fondées. De plus, en réussissant son défi, l’enfant développe une confiance en soi qui aide à dissiper l’anxiété. Évidemment, il faut respecter son rythme et ne pas le forcer à affronter une de ses peurs alors qu’il ne se sent pas prêt… cela pourrait le rendre encore plus anxieux.
Attention ! Less paragraphe précédents ne font qu’énumérer des concepts de base qui, dans la réalité, doivent s’adapter à chaque individu. Consulter un psychologue ou un psyhoéducateur spécialisé dans les troubles anxieux pourrait aider un parent à mieux comprendre toutes les subtilités de ces stratégies et à savoir comment les adapter aux particularités de son enfant.
Avec ces techniques, qui peuvent s’appliquer tout autant pour un adulte, l’enfant apprendra à mieux gérer son anxiété et gagnera de la confiance en lui. Ce qui pourra lui être utile toute sa vie!
Pour en savoir plus sur l’anxiété chez les enfants, vous pouvez lire les ouvrages suivants (entre autres) :
Pour enfants :
- La timidité – Simone joue à l’opossum, collection Dre Nadia, psychologue, aux éditions Dominique et compagnie
- Les peurs – Jacqueline et le haricot magique, collection Dre Nadia, psychologue, aux éditions Dominique et compagnie
- Incroyable Moi maîtrise son anxiété, aux éditions Midi Trente
- Extraordinaire Moi calme son anxiété de performance, aux éditions Midi Trente
Pour les parents:
- Maman j’ai peur, chéri je m’inquiète – L’anxiété chez des enfants de 2 à 18 ans et même plus, collection Vive la vie en famille, aux éditions La Presse