Comment gérer la déception de ces Fêtes-COVID-19 ?

 

Depuis son arrivée au pays, la COVID-19 nous a grandement bousculés, et a causé son lot de stress, d’anxiété, de déceptions et de frustrations.

Certains en ont même subi de graves conséquences : perte d’emploi ou de revenus, détresse psychologique, insomnie, conflits… et, il ne faut pas oublier les vraies personnes derrière les statistiques un peu dépersonnalisées dont on nous bombarde tous les jours.

Certains en ont été malades.

Certains en ont gardé des séquelles.

Certains, que dis-je… TROP en sont morts. Et leurs proches doivent maintenant traverser un deuil difficile.

Oui, elle fait des ravages, cette foutue COVID-19… Et comme si ce n’était pas assez, la voilà maintenant qui, tel le grincheux qui voulait gâcher Noël, vient bousiller les plans des Fêtes de ceux qui n’allaient pas si mal!

 

Est-ce la catastrophe? Sûrement pas… en fait, c’est même un peu futile comme problème, lorsque l’on compare cette conséquence à toutes les autres énumérées plus haut.

Mais c’est certainement décevant. Et comment allons-nous expliquer tout cela aux enfants? Lorsqu’ils se plaindront de leur déception, il ne faudrait tout de même pas leur répliquer « estime-toi chanceux, il y en a qui en sont morts! ». Un enfant a le droit d’être déçu, sans qu’automatiquement, on le force à se comparer à d’autres qui ont vécu des drames encore pires!

Si vous voulez mon avis, après tous ces mois difficiles, peu importe à quel point on a été impacté par la pandémie, on a tous le droit d’être tannés, fatigués, déçus…

Voici donc ma liste de suggestions pour gérer les émotions causées par ces Fêtes atypiques… elles ne vous garantiront pas nécessairement la joie et l’allégresse, mais elles pourraient vous apaiser un peu :

Pensez à tout le stress habituel des Fêtes que vous éviterez cette année!

Pas de rassemblements, ça veut dire pas de party « obligatoires » au cours desquels vous devez côtoyer des gens que vous aimez plus ou moins! Probablement que vous aurez moins d’achats, de cuisine, d’emballage de cadeaux à faire à un rythme effréné, entre le party de bureau et le spectacle de Noël du plus jeune! Je ne dis pas qu’on n’aime pas ça, cette folie d’avant Noël, mais c’est tout même stressant! Vous n’aurez pas non plus à feindre la joie, devant le cadeau décevant ou prévisible d’un des membres de votre famille élargie. Ainsi, peut-être pourriez-vous accueillir avec sérénité, ce Noël un peu plus tranquille que la pandémie vous amène? Pensez-y, en sirotant une petite camomille!

Ressourcez-vous!

Le stress, c’est énergivore. Comme l’est une froide journée d’hiver pour votre téléphone mobile! Et la COVID-19 a augmenté votre niveau de base de stress de plusieurs crans. Vos piles se déchargent donc plus rapidement qu’avant la pandémie. Il devient important de les recharger plus régulièrement. Alors, si vous avez quelques congés durant les Fêtes, il vaudrait sûrement la peine de dresser la liste de toutes les activités qui vous font du bien, qui vous ressourcent… et qui sont encore permises, bien sûr! En vous empêchant de faire vos traditionnels rassemblements des Fêtes, la COVID-19 vous donne du TEMPS! Aussi bien l’utiliser à votre avantage. Après tout ce que vous avez vécu, vous le méritez bien! Faites du ski, faites la grasse matinée, apprenez à tricoter, lisez ce livre que vous avez toujours voulu lire, sortez les vieux jeux de société, vos vieux albums de rock progressif, prenez un bain de pieds, faites un marathon de visionnement de grandes sagas, comme Star Wars ou Harry Potter… et impliquez vos enfants dans le remue-méninge qui sera nécessaire pour faire cette liste. Ils sont souvent plus sages et créatifs que vous le croyez, et les impliquer dans cette réflexion leur enverra le message que vous avez confiance en eux et que vous accordez une place aux activités familiales dans votre liste! (En fait, vous pouvez faire trois types de listes : individuelle, de couple, et familiale)

Les enfants sont déçus? Écoutez-les, et validez leurs émotions!

Lorsque votre enfant vous fait part d’une émotion négative, il est tentant de minimiser son problème, de lui dire nonchalamment que ce n’est pas si grave et que tout ira bien. Surtout quand ses confidences surviennent durant la routine du dodo, alors que vous êtes exténué et que vous avez hâte qu’il tombe dans les bras de Morphée! Malheureusement, cette attitude lui donne l’impression que son problème est futile et que vous tentez d’escamoter la tâche de l’écouter vraiment, de le comprendre. Ce n’est certes pas votre intention… lorsque vous vous empressez un peu trop de fournir une solution au problème de votre enfant, c’est souvent pour apaiser rapidement votre propre détresse de le voir triste, anxieux ou déçu.  Mais, avant de le bombarder de vos paroles rassurantes ou de vos solutions toutes faites, écoutez-le, vraiment. Demandez-lui ce qu’il ressent dans son cœur, c’est quoi le pire qui pourrait arriver, ce qui lui manquera des Fêtes qu’il a connues dans le passé. N’ayez pas peur… ces questions n’accentueront pas sa détresse. Au contraire! Elles l’aideront à l’exprimer, cette détresse, ce qui est la première étape pour bien gérer une émotion. Ensuite, validez-la, cette émotion… il s’agit simplement de confirmer à votre enfant que, compte tenu de la situation, il est normal qu’il se sente triste ou déçu. Comprendre que sa détresse est acceptable peut en réduire l’intensité et la rendre plus facilement gérable. Ensuite, demandez-lui ce qu’il pourrait faire pour se sentir mieux. C’est beaucoup plus constructif de le faire réfléchir ainsi à ses propres solutions, que de vous empresser à lui partager les vôtres. En plus, cela lui apprend qu’il peut être proactif pour être plus heureux. Comme le disait ma grand-mère, le bonheur, c’est comme du sucre à la crème… quand on en veut, on s’en fait! Évidemment, s’il est à court d’idées de solutions ou qu’il vous dit qu’il les a toutes essayées, alors là, seulement, vous pourrez les lui donner, vos petits-trucs-tous-cuits-dans-l’bec!

(Psssst… c’est également ce que vous devriez faire avec vos propres émotions négatives : les identifier, les accepter, puis vous faire du sucre à la crè… euh, vous orienter vers une recherche de solution pour aller mieux! Excusez-la!)

Faites de bonnes actions!

Les besoins dans votre communauté sont grands, et vous vous demandez comment meubler le temps de vos vacances des Fêtes? Vous pourriez peut-être faire un peu de bénévolat en famille… il est prouvé que les gestes altruistes font autant de bien aux gens qui les posent qu’à ceux qui reçoivent (ou peut-être même plus)! Après tous ces mois à avoir l’impression que le contrôle sur votre vie vous glisse entre les doigts, comme une vulgaire savonnette mouillée, faire un geste qui donne le sentiment de faire une différence dans sa communauté peut vous apporter de grands bienfaits… et à vos enfants aussi! Qui sait… peut-être que ce sera le début d’une nouvelle tradition des Fêtes pour votre petite famille?

Voilà! Mes stratégies sont peu nombreuses, mais je pense qu’elles peuvent faire une petite différence… du moins j’espère qu’à défaut de vous aider à passer un extraordinaire et traditionnel temps des Fêtes, elles vous permettront au moins de vous en construire un « pas pire »!

Je souhaite que, dans votre bulle, votre période des Fêtes soit empreinte de sérénité, de douceur, de résilience et de bienveillance… vraiment, mais vraiment sincèrement.

Prenez soin de vous.

 

 

 

 

 

Quand l’anxiété envahit un enfant…

 

Justin, 7 ans, devient de plus en anxieux. Avant d’aller à l’école, il se plaint de maux de ventre. Souvent, il ne veut pas aller à l’école. Lorsque ses parents l’obligent à y aller, il se met à poser des questions démontrant qu’il s’invente fait des scénarios catastrophiques, par exemple :

Les parents sont désespérés… ils voient la souffrance de leur fils et veulent l’aider, mais ses peurs leur demandent beaucoup d’énergie. De plus, ils ne s’entendent pas toujours sur la façon d’aider Justin à se débarrasser de ses inquiétudes. Maman croit qu’il faut le rassurer et le protéger… le respecter tel qu’il est avec son anxiété sans le confronter. De son côté, Papa croit qu’il faut le pousser à affronter ses peurs malgré lui et cesser de le rassurer sans cesse, car c’est un puit sans fond.

Vous en avez certainement entendu parler : les troubles anxieux sont en augmentation, et touchent de nombreux enfants. En fait, la plupart des adultes qui consultent pour un problème d’anxiété disent qu’ils avaient déjà des signes précurseurs ou carrément de vrais symptômes d’anxiété durant leur enfance. Depuis quelques années, nous sommes donc de plus en plus informés, sensibilisés et conscients qu’il est possible qu’un enfant manifeste de l’anxiété. Cela fait ainsi augmenter les statistiques, ce qui est alarmant. Mais le côté positif, c’est que les jeunes qui vivent de l’anxiété sont maintenant dépisté et orientés vers de l’aide professionnelle plus précocement, à un âge où leurs croyances exagérées et leurs comportements inadaptés sont beaucoup plus malléables.

Les facteurs qui peuvent prédisposer un enfant à éventuellement souffrir d’anxiété sont :

En lisant ce dernier point, certains parents se sentiront peut-être coupables, réalisant qu’ils ont possiblement contribué à développer l’anxiété chez leurs enfants… Si c’est le cas, il faut plutôt tenter de voir les choses positivement en se disant que si nous sommes en partie responsable de cette anxiété, cela signifie également qu’un pouvoir d’action est entre nos mains.

En effet, les parents peuvent faire plusieurs choses pour aider leur enfant à surmonter son anxiété. D’abord, un parent qui est lui-même anxieux devrait probablement consulter pour sa propre anxiété. En apprenant à mieux gérer ses émotions, il aura moins de comportements anxieux devant son enfant et il aura une attitude moins surprotectrice à l’égard de ce dernier. Si l’enfant peut apprendre à devenir anxieux en observant son parent, il peut également apprendre à gérer son anxiété en observant comment son parent (en thérapie) s’y prend!

Ensuite, lorsque l’enfant manifeste les signes qu’il s’inquiète et qu’il est envahi par des pensées irrationnelles, le parent peut tenter de l’aider à remettre en question son discours intérieur, en posant des questions à son enfant. Par exemple, lorsque Justin demande « Et si Papa oubliait de venir me chercher à l’école », le parent pourrait répondre en demandant « Est-ce déjà arrivé ? Et si cela arrivait vraiment, quels seront les éléments de sécurité autour de toi, quelles solutions s’offriraient à toi ? ». Cela est beaucoup plus efficace que de le rassurer temporairement avec des réponses toutes faites qui ne le convaincront peut-être pas.

On peut aussi amener l’enfant à affronter ses peurs graduellement, par petites étapes faciles, tout en respectant son rythme et en évitant de banaliser sa peur. Lorsque l’enfant affronte un petit défi, il teste la réalité et peut réaliser par lui-même que ses peurs n’étaient pas fondées. De plus, en réussissant son défi, l’enfant développe une confiance en soi qui aide à dissiper l’anxiété. Évidemment, il faut respecter son rythme et ne pas le forcer à affronter une de ses peurs alors qu’il ne se sent pas prêt… cela pourrait le rendre encore plus anxieux.

Attention ! Less paragraphe précédents ne font qu’énumérer des concepts de base qui, dans la réalité, doivent s’adapter à chaque individu. Consulter un psychologue ou un psyhoéducateur spécialisé dans les troubles anxieux pourrait aider un parent à mieux comprendre toutes les subtilités de ces stratégies et à savoir comment les adapter aux particularités de son enfant.

Avec ces techniques, qui peuvent s’appliquer tout autant pour un adulte, l’enfant apprendra à mieux gérer son anxiété et gagnera de la confiance en lui. Ce qui pourra lui être utile toute sa vie!

Pour en savoir plus sur l’anxiété chez les enfants, vous pouvez lire les ouvrages suivants (entre autres) :

Pour enfants :

Pour les parents:

 

 

 

 

 

 

 

Le perfectionnisme, c’est sain ou malsain?

 

Marie-France, 38 ans, a toujours été soucieuse de bien faire les choses. Christian, son conjoint qui l’adore, s’inquiète du fait que cette attitude perfectionniste nuise parfois à son fonctionnement. Son souci de bien faire les choses se transforme parfois en obsession : elle est très exigeante envers elle-même, elle met un temps fou à exécuter la moindre petite tâche, car elle ne peut tolérer de faire des erreurs et elle n’a presque plus de temps pour s’accorder des moments de plaisirs. Cette attitude a des répercussions sur sa carrière, sa vie de couple et même sur son fils Simon-Olivier, 7 ans. En effet, ce dernier réagit très fortement lorsqu’il ne réussit pas quelque chose du premier coup. Il se décourage facilement et dit parfois qu’il n’est « pas bon ». Lors de la dernière réunion de parents, son enseignante a dit qu’il manquait de confiance en lui. Elle a même parlé d’anxiété de performance. C’est à ce moment que Marie-France s’est reconnue dans cette forme d’anxiété. C’est à ce moment qu’elle a réalisé qu’il ne s’agissait plus d’un simple souci de bien faire les choses, mais plutôt d’un perfectionnisme à outrance qui la rend malheureuse, et qui influence même son fils qu’elle aime tant. Elle réalise qu’elle a peut-être besoin d’aide.

Je suis certaine que plusieurs d’entre vous ont déjà répondu « je suis perfectionniste » lorsqu’en entrevue pour un nouvel emploi, un des membres du comité de sélection vous a demandé « quel est votre pire défaut? »! Voilà un signe que ce « défaut » est extrêmement valorisé dans notre société! En fait, il faut comprendre qu’il y a un perfectionnisme sain et un autre malsain (ou même pathologique).

Une personne qui manifeste un perfectionnisme sain est assez exigeante envers elle-même, mais elle est capable d’ajuster ce niveau d’exigence selon l’importance d’une tâche. Elle a des attentes réalistes et des objectifs accessibles, et elle se permettra de faire des erreurs dans plusieurs contextes de sa vie. Le perfectionnisme lui apportera une satisfaction personnelle lors d’une bonne performance, ce qui augmentera son estime de soi. Surtout, elle n’a pas peur d’être jugée négativement par les autres lorsqu’elle fait une erreur, parce que dans sa perception, sa valeur personnelle ne dépend pas de sa performance aux yeux des autres. Performer est donc une source de valorisation, et non une façon angoissante d’éviter le jugement des autres.

À l’opposé, une personne qui souffre d’un perfectionnisme malsain ne se permet aucune erreur. La perfection est importante, même pour les tâches les plus insignifiantes… faire sa liste d’épicerie correctement devient donc aussi important que de s’appliquer à faire sa déclaration de revenus. Elle établit des exigences de réussite trop élevées et inaccessibles, ce qui amène parfois un sentiment d’échec, suivi d’une perte d’estime de soi et de sentiments dépressifs. Les efforts ne sont pas tant motivés par un désir de succès (la carotte) que par la peur de l’échec (le bâton). Souvent, plaire aux autres est plus important que sa propre satisfaction personnelle.

Selon l’individu, ce perfectionnisme malsain peut mener à plusieurs problèmes psychologiques, entre autres : l’anxiété, les troubles alimentaires (dans le cas d’un perfectionnisme de l’apparence du corps), la dépression, et même le suicide…

De plus, comme nous l’avons vu dans le cas de Marie-France et de son fils Simon-Olivier, le style de discipline, le modèle que représente un parent perfectionniste, ses exigences élevées envers son enfant peuvent amener ce dernier à devenir lui-même perfectionniste. Mais attention! Les parents ne sont pas les seuls coupables. D’autres facteurs peuvent favoriser le développement du perfectionnisme chez une personne : les médias, la fratrie, la pression d’être accepté par les pairs, le contexte économique et professionnel dans lequel la personne doit évoluer…

…en passant, il existe des métiers et professions qui exigent un certain niveau de perfectionnisme qui sera alors jugé normal. L’aéronautique et la neurochirurgie, en sont des exemples pour lesquels je suis certaine que vous serez d’accord avec moi! L’important, pour les gens qui travaillent dans ces domaines, c’est qu’ils puissent réajuster leur niveau de minutie lorsqu’ils sont dans leur vie personnelle.

Heureusement, il existe des solutions au perfectionnisme malsain… Si Marie-France décidait de consulter pour son perfectionnisme, son thérapeute l’inviterait sûrement à remettre en question ses pensées et ses croyances. Il l’aiderait à développer de nouvelles façons d’interpréter le succès et l’erreur. Il pourrait également lui suggérer de faire une liste des coûts et des bénéfices de son attitude. Enfin, il pourrait même lui suggérer de volontairement faire de petites erreurs, afin de l’amener à développer graduellement une tolérance à l’imperfection.

À ceux qui ont le souci de bien faire les choses, ne vous en faites pas. Il y a moyen d’être satisfait du travail bien fait, sans tomber dans le piège du perfectionnisme à outrance. Mais attention! Dans une société de performance comme la nôtre, ce piège n’est jamais bien loin…

Favoriser l’autonomie de son enfant, c’est lui donner confiance en soi!

 

Émilie et Samuel ont une fille âgée de 2 ans, Alexandra. À cet âge, elle prend goût à son autonomie et elle veut souvent faire les choses par elle-même. Elle est dans sa phase du « je suis capable »! Malgré le fait qu’ils s’entendent généralement bien sur l’éducation de leur fille, Émilie et Samuel sont parfois différents dans leurs comportements envers elle. En effet, parce qu’elle est très maternelle et parce qu’elle est parfois pressée ou impatiente face à la lenteur d’Alexandra lorsqu’elle essaie de nouvelles tâches, Émilie a tendance à aller au-devant de ses besoins ou à lui offrir de faire les choses à sa place. Par exemple, la fillette commence à vouloir s’habiller seule. Mais, lorsqu’Émilie est pressée de se rendre au travail, elle insiste souvent pour l’habiller elle-même, parce que c’est beaucoup plus rapide et efficace ainsi. Heureusement, elle lui laisse tout son temps pour s’habiller seule et l’encourage beaucoup lorsqu’elle est moins pressée, les week-ends ou lors de congés. De son côté, Samuel aime bien proposer des petits défis à sa fille. Parfois, cela amène Alexandra à affronter ses peurs, à vivre des succès et à se sentir fière d’elle. Mais à d’autres moments, Samuel surestime les capacités de sa fille. C’est à croire qu’il va lui proposer de rouler sur une bicyclette à deux roues à 2 ans et demi!

Si on prend toujours un enfant dans ses bras et qu’on ne le laisse pas tenter de se déplacer seul, il est possible qu’il apprenne tardivement à marcher. Si on va toujours au-devant de ses besoins sans qu’il ait à les exprimer, il est possible qu’il apprenne tardivement à parler. Donc, pour de nombreux apprentissages, l’enfant doit être mis au défi et on doit le laisser se débrouiller un peu. Au grand désespoir des parents surprotecteurs, cela implique que l’enfant se mettra parfois en colère lorsqu’il éprouvera des difficultés, ou encore qu’il trébuchera les premières fois qu’il tentera de marcher ou de courir… qui ne risque rien n’a rien! À l’inverse, si on fait tout à sa place, il développera un faux sentiment de dépendance. C’est-à-dire que physiquement et intellectuellement, il sera prêt à effectuer certaines tâches, mais émotivement, il se sentira incapable d’en faire l’essai et dépendant de ses parents, puisque ces derniers ne l’auront jamais laissé tenter de faire des essais-erreurs. Il va sans dire que de tels sentiments pourraient avoir un impact négatif sur sa confiance en soi.

Évidemment, on ne peut s’attendre à ce qu’un enfant âgé d’un an, qui sait à peine marcher, nous aide à faire la vaisselle! De même qu’on ne peut exiger à un ado de 16 ans qui a eu son premier emploi d’étudiant de faire sa première déclaration de revenus seul! Il faut attendre le moment approprié, celui où l’enfant a réellement les capacités, physiques ou intellectuelles, pour lui apprendre à faire la tâche. Bref, on attend le moment où tout ce qu’il manque n’est que l’occasion d’apprentissage et un peu d’encouragements et d’accompagnement des parents! Si on pousse l’enfant à faire des tâches pour lesquelles il n’est pas encore prêt, il risque de vivre des échecs à répétition, ce qui affectera aussi sa confiance en soi.

Lorsque notre enfant est petit, il est parfois plus rapide et plus simple de faire les choses soi-même, à sa place. Les parents qui vivent présentement la période du « non, je suis capable tout seul » savent de quoi je parle! Laisser un bambin s’habiller seul lors de l’infernale routine du matin peut prendre jusqu’à 20 minutes ou même plus, alors qu’il s’agirait d’une tâche de trois minutes si le parent la faisait lui-même. Mais à long terme, lorsque l’enfant saura rapidement s’habiller seul parce qu’on aura toléré les longues périodes où il apprenait à le faire avec un peu de difficulté, ce sera trois minutes de gagnées pour le parent… Lorsque l’on additionne toutes les autres minutes gagnées au fur et à mesure que l’enfant prend de l’autonomie, les longues périodes à attendre qu’il apprenne à faire les différentes parties de la routine par lui-même seront grandement récompensées : pour le parent, ce sera en vivent des matins plus calmes, et pour l’enfant, ce sera en étant fier de ses nouvelles capacités et en se disant : se suis grand, je suis bon, je suis capable!

Profiter de l’adolescence de son enfant

 

Pascale et François ont une fille, Léa (11 ans), qui entrera bientôt dans l’adolescence. Ils anticipent cette étape de la vie de leur enfant avec des attitudes complètement différentes. Pascale angoisse à l’idée des conflits qui éclateront probablement très bientôt entre elle et sa fille. Elle se souvient que, les premiers mois suivant son accouchement, les gens l’abordaient en lui disant « Quel beau bébé… profitez-en. Ça passe très vite. Elle sera rendue à l’adolescence sans que vous n’ayez eu le temps de vous apercevoir de quoi que ce soit! » Les gens ne croyaient pas si bien dire! De son côté, François est beaucoup plus positif et tente de rassurer sa conjointe. « Tous les ados ne sont pas si difficiles, et cette période aussi passera très vite. Au fond, ce sont nos dernières années de vie commune avec notre fille, et nous devrions peut-être en profiter plutôt que d’être sur la défensive. Bientôt, le nid sera vide! » Après réflexion, Pascale se dit que c’est probablement François qui a la meilleure attitude. Léa est une fille raisonnable et respectueuse. Et même s’il devait y avoir quelques conflits isolés durant son adolescence, ce n’est pas en les anticipant avec émotivité qu’elle parviendra à bien les résoudre.

Comme Pascale, beaucoup de parents ont un peu peur de l’éventuelle et inévitable adolescence de leur enfant. C’est normal… cette période est souvent décrite comme étant tumultueuse et remplie de conflits. Certains parlent même de « l’âge ingrat », au cours duquel nos enfants cessent de nous percevoir comme des héros et se mettent tout à coup à découvrir nos défauts en disant, les yeux levés au ciel, que nous ne comprenons rien à leur génération.

Pourtant, à cet âge, ils ont besoin plus que jamais que nous soyons à leurs côtés et que nous nous efforcions de maintenir une belle relation avec eux. En effet, il s’agit d’une période de la vie où les sources de stress sont nombreuses :

C’est le moment tout indiqué pour leur manifester notre amour inconditionnel, même si à l’occasion, ils peuvent « tester » cet amour ou le mettre à l’épreuve! En effet, après une dure journée à l’école, ce sont souvent les parents qui écopent de la mauvaise humeur de leur ado. Lorsque cela se produit, on peut lui rappeler gentiment de demeurer respectueux, pour ensuite lui offrir notre écoute et notre soutien, s’il souhaite se confier à nous… Autrement dit, on n’est pas obligé d’accepter d’être son « punching bag », mais on n’a pas non plus à prendre sa mauvaise humeur à un niveau personnel et entrer dans une lutte de pouvoir avec lui!

Plusieurs parents anticipent également un détachement de leur ado, voire même d’être rejeté par lui. Ils n’ont pas tout à fait tort, car à cet âge, il est tout à fait normal que la relation parent-enfant subisse des transformations majeures. Pour devenir un adulte autonome, responsable et qui fait ses propres choix, l’ado doit « défusionner » son identité de celle de ses parents, et se construire la sienne. Cela passe souvent par une remise en question plus ou moins profonde des valeurs et des attitudes des parents. Mais cela ne veut pas dire que l’ado se détache complètement de ses parents. En fait, lorsque la relation avec eux demeure assez positive, les parents resteront une source d’influence très importante pour leur ado. Certaines études démontrent même que les adolescents qui ont eu un lien d’attachement « sécure » avec leurs parents durant la petite enfance ont tendance à démontrer plus de compétences sociales et un meilleur bien-être (Cooper, Shaver, & Collins, 1998; Egeland & Carlson, 2004; Hilburn-Cobb, 2004). D’autres études ont permis de découvrir qu’un bon lien d’attachement entre parents et ados diminuait les probabilités que ces derniers adoptent des comportements problématiques (Allen, Hauser, Eickholt, Bell, O’Conner, 1994). Idéalement, une partie de l’attachement qui lui a permis d’explorer son environnement lorsqu’il était bébé résistera aux remises en question de l’adolescence, et lui permettra d’explorer un univers qui deviendra de plus en plus vaste et complexe.

Enfin, avoir un ado chez soi ne comporte pas que des inconvénients… quand on s’intéresse à ce qu’il vit au quotidien, à ses passions, il peut nous aider à rester « branchés », tant sur le plan des nouvelles technologies, que de la mode, des artistes émergents et des courants sociaux. Son indépendance grandissante et son besoin d’intimité permettent au couple de parents de retrouver une certaine liberté. Enfin, quoi de plus beau que de voir la transformation d’un enfant en un adulte autonome et épanoui… à bien y penser, l’adolescence sera une partie très importante de sa vie, et quelques années après, il sera parti. Aussi bien lui tendre la main, et tenter de profiter de ces dernières années à vivre avec lui!

 

PS : Pour plus d’informations sur l’adolescence, vous pouvez consulter mon livre Les ados, guide de survie pour parents, publié aux Éditions La Presse.

Quand un(e) enseignant(e) doit communiquer une mauvaise nouvelle à des parents.

 

Marie-Ève est une enseignante de 3e année. Un élève de sa classe manifeste des problèmes de comportements depuis quelques jours. Ses parents viennent de se séparer et le père a définitivement quitté le domicile il y a quelques semaines. Elle doit rencontrer les parents ce soir, afin de leur faire part de ce qui se passe en classe. Chaque fois qu’elle doit faire cela, elle se sent un peu nerveuse. Elle ne sait jamais à quoi s’attendre comme réaction chez les parents. Certains semblent indifférents aux difficultés scolaires de leur enfant. D’autres sont insultés que l’on ose critiquer leur progéniture. Il y a aussi ceux qui sont hyperémotifs et qui réagissent soient en fondant en larmes ou en faisant une crise d’angoisse à la simple idée que leur enfant ait été identifié comme ayant des difficultés. Enfin, il y a quand même quelques personnes qui réagissent de façon rationnelle, en s’orientant rapidement vers une recherche de solutions. Elle espère que les parents de son élève en difficulté feront partie de cette dernière catégorie…

Ouf! Pas facile pour les éducateurs et enseignants d’annoncer une mauvaise nouvelle à des parents. Il s’agit toujours d’une tâche délicate. En effet, la plupart des parents sont sensibles lorsqu’on leur parle de leur enfant, surtout lorsqu’il s’agit d’une difficulté chez ce dernier. C’est tout à fait normal.

Les personnes œuvrant dans le milieu de l’éducation doivent user de tact et se montrer compréhensifs face aux émotions qu’un parent peut ressentir lorsqu’il apprend que son enfant vit des échecs ou qu’il a des problèmes affectifs ou comportementaux. De plus, si des parents se montrent plus ou moins indifférents, les enseignants et éducateurs doivent se montrer créatifs afin de développer des façons d’augmenter la motivation de ces parents à se mobiliser pour le bien de leur enfant, et ce, sans les brusquer. Enfin, ils ne doivent pas oublier d’encourager les parents en soulignant les forces de l’enfant et en suggérant des ressources pouvant leur venir en aide et quelques pistes de solutions.

Évidemment, comme dans n’importe quel domaine, de très bons enseignants et de très bons éducateurs peuvent se montrer parfois maladroits dans leur façon de communiquer leurs inquiétudes ou leurs insatisfactions aux parents, ce qui peut donner lieu à des conflits ou à des malentendus. Cela ne leur enlève rien sur le plan de leurs compétences pédagogiques… c’est sur le plan des habiletés de communication qu’il peut parfois y avoir place à de l’amélioration. C’est un peu comme lorsque certaines personnes vous disent avoir le médecin spécialiste le plus compétent au Québec, mais qu’il est très froid dans son attitude et qu’il a une façon brusque d’annoncer les mauvaises nouvelles. Cela ne fait pas de lui un mauvais médecin, mais ses patients ont intérêt à avoir un bon réseau social pour les soutenir au plan moral!

Chers enseignants, chers éducateurs, quand vous voulez adresser un problème aux parents d’un enfant, demandez-vous comment vous aimeriez qu’une personne vous en parle s’il s’agissait de VOTRE enfant. Avant de faire vos recommandations aux parents, prenez le temps de valider leurs émotions, de leur dire qu’il est normal que l’information que vous leur partagez soit inquiétante, culpabilisante ou décourageante. Ensuite, tentez de vous montrer encourageants en suggérant des solutions.

Chers parents, lorsqu’un enseignant ou un éducateur vous transmet ce genre d’informations, dites-vous que vous êtes fort probablement face à quelqu’un qui a choisi ce métier parce qu’il aime les enfants et parce qu’il tient à leur bien-être. Dites-vous que cette personne observe votre enfant dans un contexte où vous ne le voyez pas évoluer. Dites-vous que cette personne possède plusieurs années d’expérience et qu’elle a connu de nombreux enfants… probablement plus que vous! Montrez-vous ouverts aux commentaires et si la personne omet de vous faire des recommandations ou de vous proposer des solutions, demandez-lui de le faire!

Ce genre de situation est souvent difficile à vivre et tout le monde peut faire des erreurs, autant les parents que les enseignants et éducateurs… mais lorsque tout le monde est de bonne foi, une communication cordiale et efficace est souvent possible.

Certains disent qu’il faut un village pour élever un enfant… moi, je vous dis que ce qui est encore mieux, c’est que les gens de ce village aient une bonne communication!

 

 

 

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