Enseigner l’art du bonheur à ses enfants

 

Caroline et Michel sont à l’hôpital et admirent Alexia, leur nouveau poupon. Ils ont reçu de nombreux cadeaux et cartes de souhaits. Michel se met à lire les messages dans les cartes et se met à réfléchir. Il se tourne vers Caroline en lui posant cette question : « Nous venons de donner la vie à un être humain ! C’est très important… Si nous ne pouvions faire qu’un seul vœu pour elle, qu’est-ce que cela devrait être ? » Amusée, Caroline se met à penser à ses parents qui souhaitaient bien son bonheur, mais qui avaient un peu tendance à lui imposer leurs propres façons de l’atteindre : étudier à l’université, être indépendante, se marier, avoir des enfants, etc. Pour elle, ces façons d’atteindre un certain bien-être ont bien fonctionné, car elle avait le profil pour suivre ce parcours… mais ce n’est pas tout le monde qui est fait pour ce genre de vie. Alors, sans hésiter une seconde de plus, elle répond à Michel : « Je souhaite que notre fille trouve son bonheur à sa façon… qu’elle soit heureuse en faisant de bons choix. Je m’engage à lui enseigner comment prendre de bonnes décisions, mais sans les prendre à sa place. » Ému, Michel embrasse sa femme et se dit que jamais une carte de vœux ne pourrait souhaiter une si belle chose à un nouveau-né… du bonheur sur mesure !

Quand on donne la vie, on veut souvent offrir aussi le bonheur de vivre ! Mais comment y parvenir ? En cette époque où les compagnies pharmaceutiques font des millions avec la vente d’antidépresseurs et où être pessimiste et cynique est confondu avec être réaliste et intelligent, comment faire en sorte que nos enfants développent des habiletés leur permettant d’être le plus heureux possible ?

Il y a quelques mois, un bon ami m’a donné un livre s’intitulant Happiness, Le grand livre du bonheur (aux Éditions de l’Homme). Il s’agit en fait d’un recueil de textes. Leo Bormans, rédacteur en chef de ce recueil et lui-même spécialiste de l’optimisme, a demandé à une centaine de chercheurs du monde entier de résumer les résultats de leurs études sur le bonheur et leurs conseils en des textes de moins de 1000 mots. Je n’ai pas encore terminé ce livre, mais un des textes qu’il contient m’a beaucoup fait réfléchir sur le rôle des parents…

Selon Sonja Lyubomirski, chercheure en psychologie sociale qui mène des études sur le bonheur depuis 20 ans, 50 % de notre capacité au bonheur est déterminé par un niveau de base naturel de bonheur… autrement dit, certains d’entre nous naissent en étant « génétiquement doués » pour le bonheur, alors que d’autres le sont moins. Un autre 10 % de notre capacité au bonheur serait lié aux circonstances de notre vie, sur lesquelles nous n’avons que peu de contrôle. Enfin, les 40 % qui restent dépendent de nous… des efforts que nous mettons pour contrôler nos comportements, nos attitudes et nos prises de décisions de façon à être heureux.

Si les dires de cette savante sont vrais, je crois que cela veut dire qu’en tant que parents, nous avons la responsabilité d’enseigner à nos enfants comment gérer ce 40 % afin de maximiser leur capacité au bonheur. Comment cela peut-il s’enseigner ? Par une multitude de petits gestes:

J’en oublie sûrement plusieurs… mais pour résumer, disons que nous sommes tous responsables en partie de notre bonheur et enseigner ce principe à nos enfants est un immense cadeau à leur faire pour la vie !

 

 

 

L’amour fraternel… une utopie des parents?

 

Depuis quelques jours, Chantal et Éric remarquent que le niveau de conflit augmente entre leurs deux enfants. En effet, Nathan, l’aîné, est un peu plus agressif avec Alexie depuis que cette dernière sait marcher et qu’elle se montre plus intrusive dans l’espace de son grand frère! Et malgré qu’Alexie soit encore petite, elle n’hésite pas à se défendre lorsque son grand frère l’attaque. Ainsi, les parents sont beaucoup dans la résolution de conflit ces jours-ci. En cette période de l’année où nous célébrons la St-Valentin, Chantal et Éric se questionnent sur l’amour fraternel. Comment deux petits enfants issus de parents qui s’aiment tant peuvent-ils être aussi agressifs l’un avec l’autre? Bien sûr, les conflits entre frères et sœurs sont normaux, mais jusqu’à quel point les parents doivent-ils s’en mêler et surtout, jusqu’à quel point peuvent-ils exiger à leurs enfants de s’aimer?

Les parents aiment tous leurs enfants de façon égale, avec leurs qualités et leurs défauts, de façon inconditionnelle. La plupart souhaitent que leurs enfants s’aiment entre eux. Malheureusement, l’amour fraternel n’est pas aussi inconditionnel… il ne vient pas sur commande et dépend de nombreux facteurs, dont plusieurs échappent au contrôle des parents.

En fait, la façon dont les enfants s’entendront peut dépendre de la différence d’âge entre eux, du fait qu’ils soient de même sexe ou non, de la comptabilité de leurs tempéraments… ce qui fait en sorte que les relations fraternelles sont parfois harmonieuses, et d’autres fois empreintes de rivalité.

Lors de conflits ou d’agressivité dans la fratrie, les parents ont souvent tendance à paniquer, car ils veulent que leurs petits s’aiment, comme eux les aiment… mais il faut savoir que la réaction d’un parent lors d’un conflit dans la fratrie peut atténuer ou exacerber le niveau de tension entre les enfants. Si on cherche toujours un coupable (plutôt que des solutions), qu’on responsabilise constamment le plus vieux, qu’on confisque automatiquement un jouet ou qu’on met systématiquement les enfants en retrait lors de leurs disputes, on peut augmenter la rivalité fraternelle et passer à côté de l’occasion exceptionnelle d’apprentissage qu’offrent les conflits.

En effet, les parents sont souvent surpris lorsque je leur dis que les conflits sont des occasions parfaites pour apprendre aux enfants à communiquer et à résoudre des problèmes. Leur rôle, lorsque leurs enfants se chicanent, devrait être celui d’un médiateur qui guide les enfants dans les étapes d’une résolution de conflit :

Avec le temps, en prenant de la maturité et avec la répétition de ces étapes, les enfants deviendront de plus en plus autonomes dans la gestion de leurs conflits, de sorte que la plupart de leurs chicanes se résoudront sans que les parents se rendent comptent de quoi que ce soit.

En jouant bien ce rôle de médiateur, les parents peuvent favoriser une meilleure entente entre leurs enfants. Évidemment, toutes sortes d’autres actions peuvent favoriser une harmonie familiale, entre autres :

Des actions de ce genre peuvent faire en sorte qu’une cohésion et un sentiment d’appartenance familiale se développent et se maintiennent, favorisant ainsi l’amour fraternel. Évidemment, ces stratégies parentales ne sont pas infaillibles et certains frères et sœurs, ayant des tempéraments incompatibles, seront distants l’un de l’autre ou même se détesteront toute leur vie, sans que les parents aient un pouvoir sur la situation. Mais, la plupart du temps, la rivalité fraternelle durant l’enfance fera place à une belle amitié lorsque les frères et sœurs approcheront l’âge adulte, particulièrement lorsqu’ils dépendront moins de leurs parents et qu’ils n’auront plus à vivre ensemble.

 

PS : Pour plus d’informations sur les relations fraternelles, vous pouvez consulter mon livre C’est pas moi, c’est lui, publié aux Éditions La Presse.

 

 

 

Aider son enfant à s’adapter à l’arrivée d’un petit frère ou d’une petite soeur

 

Maélie, trois ans, a un petit frère âgé de quatre mois, Elliot. Elle a bien réagi à sa naissance, et s’est même montrée enthousiaste dès l’annonce de la grossesse. Ses parents étaient heureux de la voir réagir aussi positivement, car ils anticipaient un sentiment de jalousie, d’insécurité ou de rivalité chez leur grande fille. Mais voilà que depuis quelques jours, Arianne, sa mère, remarque qu’elle a recommencé à sucer son pouce et qu’elle lui demande souvent si elle l’aime. Lorsqu’elle a amené les enfants au parc, les autres mamans lui ont dit que cela pouvait être une réaction à l’arrivée du petit frère. Voyant la surprise et l’inquiétude sur le visage d’Arianne, une autre mère a ajouté en riant : « Ne t’en fais pas trop… ta fille réagit avec un peu d’insécurité, c’est tout. Le mien s’était mis à faire de mauvais coups et était très agressif envers sa petite sœur! » De retour à la maison, Arianne confie à son conjoint qu’ils se sont réjouis trop vite et que, finalement, Maélie a une petite réaction négative à la présence de son frère. Sans se décourager, puisque la réaction est légère, les deux parents se demandent comment aider Maélie à s’adapter à son nouveau statut de grande sœur…

Parents inquiets et en quête d’harmonie familiale parfaite, rassurez-vous! L’arrivée d’un nouvel enfant implique une période d’adaptation pour TOUS les membres de la famille, vous y compris! Il faut quelques semaines, voire quelques mois, avant de retrouver un équilibre dans la gestion du temps, des routines, des émotions et des rôles de chacun.

Si vous-même, adultes expérimentés et pleins de ressources, avez besoin de temps pour vous adapter, imaginez pour un enfant de trois ans! Les aînés d’une famille peuvent être insécurisés par l’arrivée d’un petit frère ou d’une petite sœur : « Est-ce que Papa et Maman m’aimeront encore autant, est-ce que le bébé va devenir plus important que moi, va-t-il briser mes jouets? » Cette insécurité peut se manifester d’une manière très variable d’un enfant à l’autre. Les réactions peuvent varier entre l’agressivité, les comportements de régression (revenir à de comportements de bébé, comme sucer le pouce, mouiller sa culotte, demander la suce, parler en bébé…), la recherche d’attention et l’anxiété (ex. : pleurs avant le dodo).

En tant que parent, il ne faut pas percevoir ces réactions comme un signe que notre aîné n’aimera jamais son petit frère ou sa petite sœur. Il s’agit simplement d’un signe que votre grand garçon ou votre grande fille a besoin de votre aide pour s’adapter aux changements que l’arrivée du nouveau-né apporte à la famille. Au lieu de vouloir ABSOLUMENT que vos deux enfants s’aiment inconditionnellement et de « forcer » l’aîné à accepter le cadet, validez son émotion. Reconnaissez que ses émotions sont normales. En fait, trop forcer les choses peut rendre le petit encore plus aversif aux yeux de l’aîné… l’important c’est surtout que les deux enfants se sentent aimés de leurs deux parents.

Pour sécuriser l’aîné et faciliter son adaptation, plusieurs solutions peuvent être mises de l’avant. Premièrement, vous pouvez regarder avec lui des photos de votre grossesse (lorsque vous l’attendiez), des photos de lui lorsqu’il avait le même âge que Petit Frère ou Petite Sœur. Cela lui permettra de réaliser, avec preuves à l’appui, que ses parents étaient tout aussi heureux lors de son arrivée et que lui aussi a reçu les mêmes soins et les mêmes petites attentions que le nouveau venu. Ensuite, on peut impliquer le grand frère ou la grande sœur dans les soins à offrir au petit (ex. : lui chanter une berceuse avant le dodo, lui donner sa suce…). Cela favorisera une interaction positive et un attachement entre eux. Votre aîné pourrait également se sentir valorisé par sa capacité à donner ces soins. Toutefois, s’il refuse de vous aider et ne montre pas d’intérêt aux soins à prodiguer au bébé, lâchez prise. Cette solution ne sera efficace que si ça l’intéresse et si ça le valorise. Il est également important que l’aîné sente qu’il a des privilèges de grand frère ou de grande sœur (ex. : jouer à des jeux de « grands » pendant que bébé dort), surtout s’il semble envieux ou jaloux des soins et de l’attention donnés à Bébé. Vous pouvez aussi tenter de favoriser les interactions entre l’aîné et le nouveau-né, en lui faisant remarquer les réactions positives de Bébé à son endroit. N’oubliez pas d’accorder régulièrement des moments de rapprochement à votre aîné. Cela le sécurisera, car il se rendra compte que Maman et Papa l’aiment tout autant et qu’ils le considèrent toujours comme ayant une place importante dans la famille. Enfin, le fait de lire des livres d’histoire dans lesquels un enfant a un nouveau frère ou une nouvelle sœur lui permettra de réaliser qu’il n’est vraiment pas le seul au monde à vivre cette situation et que les émotions qu’il vit par rapport à ce grand changement sont normales.

Notez bien que certains enfants n’auront jamais besoin de toutes ces interventions pour s’adapter à l’arrivée de leur frère ou de leur sœur, tandis que d’autres éprouveront des difficultés malgré toutes ces interventions. Les parents ne peuvent faire que leur possible! Parfois, la rivalité entre frères et sœurs durera toute l’enfance et toute l’adolescence. Mais pour plusieurs, l’adolescence se terminera par le développement de liens plus cordiaux, un regard humoristique sur leurs anciens conflits et une évolution vers une belle amitié.

PS : Pour plus d’informations sur les relations fraternelles, vous pouvez consulter mon livre C’est pas moi, c’est lui, publié aux Éditions La Presse.

 

 

 

 

 

Les enfants oubliés

 

Plusieurs d’entre vous se souviendront peut-être de cette vieille chanson de Noël… pour ma part, lorsqu’elle me vient en tête, c’est avec la voix de Ginette Reno que je l’entends! Je revois même l’image de la pochette du microsillon (quel mot vintage qui trahit mon âge!) que ma mère avait acheté, à l’approche du Noël de mes 5 ans.

Pour ceux qui ne connaissent pas cette chanson, les paroles racontent l’existence d’enfants seuls et pauvres, qui souffrent de la faim et du froid… une chanson à faire monter les larmes aux yeux, lorsque l’on s’attarde au sens du texte, plutôt que seulement à la puissante voix de Ginette!

Ces enfants oubliés existent vraiment… même chez nous, dans notre pays d’abondance. J’en ai rencontré occasionnellement, dans le cadre de ma profession et de mes activités bénévoles. Pour être plus précise, je parle d’enfants qui sont en situation d’abandon, et qui sont placés en centres jeunesse, en vertu de la Loi de la protection de la jeunesse. Lorsque ces enfants sont retirés de leur famille, cela est souvent le cas pour cause de négligence ou d’abus sévères.

Certains d’entre eux vivent en famille d’accueil, et seront entourés de tuteurs temporaires qui s’efforceront de leur faire vivre la magie de Noël. D’autres pourront voir leurs parents biologiques, dans le cadre d’une visite supervisée. Mais les moins chanceux parmi eux passeront les Fêtes à leur unité de centre d’accueil ou en foyer de groupe, accompagnés de leur éducateur, sans aucune visite d’un membre de leur famille. Ils verront parfois certains de leurs pairs quitter leur milieu de vie pour une visite supervisée avec leurs parents, en se demandant pourquoi personne ne vient les voir, eux.

Ces derniers ont une faible estime de soi. Ils ont parfois un trouble de l’attachement, qui cause une difficulté à faire confiance à l’adulte, et qui retarde la possibilité de leur trouver une famille d’accueil ou adoptive.

Ce sont eux, les véritables enfants oubliés qui sont près de chez vous…

Avec les bons soins d’une équipe multidisciplinaire, certains verront les symptômes de leur trouble d’attachement se dissiper, et pourront un jour être enfin adoptés. J’ai entendu plusieurs témoignages heureux d’histoires d’adoption. Mais, même pour ces enfants, il restera encore des efforts à faire pour rebâtir leur estime de soi, qui a été fragilisée par un mauvais départ dans la vie.

Ces enfants oubliés méritent que l’on ait une pensée pour eux, que l’on connaisse la chanson, ou non!

Et même si mon texte vient de vous faire verser quelques larmes, soyez assurés que ce n’est pas que je souhaite vous voir malheureux… c’est plutôt que je souhaite les voir eux, être un jour plus heureux!

Joyeuses Fêtes!

PS1: Pour faire une différence dans la vie de ces enfants, informez-vous auprès du Centre jeunesse ou du CISSS/CIUSSS de votre région administrative. Ils ont parfois des programmes d’aide ou même une Fondation qui pourront bénéficier de vos dons ou de votre temps en tant que bénévole).

PS2: Ce texte a également été publié sur le site de la Fondation du Centre jeunesse de la Montérégie.

 

 

L’importance des routines et de la stabilité pour les enfants

 

Deux jeunes familles ont rapidement tissé des liens d’amitié depuis qu’ils habitent l’une en face de l’autre, dans une banlieue tranquille. La famille Desgroseillers a deux enfants âgés de 4 et 6 ans, tandis que la famille Potvin a trois enfants de 3, 5 et 9 ans. Il va sans dire que les jeunes des deux familles jouent souvent ensemble et organisent des mégas parties de cache-cache lors des longues soirées d’été. Plus on est de fous, plus on rit ! Malgré la bonne entente qui règne entre les deux familles, cela ne les empêche pas d’être très différentes l’une de l’autre. Chez les Desgroseillers règnent une structure et une organisation quasi parfaite. Les Potvin sont plus… disons spontanés et bordéliques ! Ils peuvent presque prédire à la minute près le moment où ils verront la maman Desgroseillers revenir de l’épicerie avec ses sacs recyclables, ou encore le moment où le papa Desgroseillers sortira sa tondeuse. Ils envient un peu cette structure et cette capacité à s’organiser, mais les Desgroseillers, de leur côté, admirent les Potvin pour leur flexibilité, leur spontanéité et leur calme face aux imprévus. Pour le bon fonctionnement d’une famille, vaut-il mieux être ultra structuré ou ultra flexible ?

Les familles où règne une organisation quasi sans faille bénéficient de plusieurs avantages. Entre autres, une structure et une routine stables rendent l’environnement familial prévisible aux yeux des jeunes enfants, ce qui a pour effet de les sécuriser. Le respect des règles et des consignes est également plus facile à apprendre pour les jeunes lorsqu’elles s’inscrivent à l’intérieur d’un horaire régulier. Les parents peuvent ainsi faciliter leur tâche d’instaurer une constance dans leur discipline. Et c’est sans compter l’économie de temps apporté par le fait que tout est à sa place dans l’espace (ex. : on ne cherche pas ses clés lorsqu’elles sont toujours à la même place) et dans le temps (ex. : les enfants s’opposent moins sur la période des devoirs lorsque cette dernière a toujours lieu à la même heure). Toutefois, quand la vie est à ce point réglée au quart de tour, il peut en résulter une certaine rigidité nuisant à l’harmonie familiale. En effet, les jeunes issus de familles hyperstructurées trouvent souvent leurs parents un peu trop sévères sur le respect de certaines routines. Parfois, une organisation stricte peut créer un sentiment de sécurité « artificiel » qui laisse place à la panique totale lorsqu’un imprévu survient. Or, dans la vie, on ne peut pas toujours tout contrôler et les imprévus font souvent partie du quotidien des familles avec des enfants ou des adolescents.

Donc, les familles organisées de façon moins rigide peuvent profiter de l’avantage d’être plus spontanées et de mieux réagir aux imprévus. Ces familles font parfois preuve de plus de flexibilité et peuvent peut-être mieux profiter de petits moments de bonheur spontanés qui surviennent régulièrement avec des enfants. Par contre, un manque d’organisation vient avec de nombreux inconvénients : retards à des rendez-vous, perte de temps à chercher des objets qui ne sont pas à leur place, oubli de certaines tâches parce qu’elles ne sont pas faites selon un horaire régulier ou routinier… et c’est sans compter les problèmes affectifs que peuvent vivent certains jeunes enfants vivant dans un environnement familial où il y a un manque de stabilité. En effet, lorsque les limites et les routines imposées aux jeunes suivent les émotions des parents plutôt qu’une logique rationnelle, elles sont plus sujettes aux changements, ce qui peut insécuriser les enfants, ou encore les amener à ne pas respecter les limites, puisqu’elles ne sont pas constantes.

Alors, êtes-vous des parents organisés, ou des parents un peu bohèmes ? Si vous aviez le choix, comment préféreriez-vous être?

Selon moi, l’idéal est de trouver l’équilibre entre les deux extrêmes, histoire de profiter du meilleur des deux mondes. Cela signifie d’être organisé et d’offrir une stabilité sécurisante à ses enfants, tout en acceptant que certaines choses puissent parfois échapper à son contrôle et que toute la vie familiale ne puisse être réglée au quart de tour. Cela signifie également d’être ouvert aux petits moments de bonheur que nous offre la spontanéité des enfants… par exemple, si une petite neige collante est tombée lorsque vous revenez à la maison après le travail et l’école, profitez de l’occasion pour faire une petite bataille de boule de neige… même si ça retarde le moment du souper de 10 minutes!

Quand un enfant a peur de dormir seul

 

Anne-Sophie, 4 ans, met beaucoup de temps à s’endormir. Elle réclame souvent la présence de ses parents dans sa chambre après la routine du dodo. La nuit, lorsqu’elle s’éveille, elle pleure, elle dit qu’elle a peur et qu’elle ne peut pas dormir seule. Ses parents, qui n’ont pas pu profiter d’une nuit complète depuis des semaines, sont désespérés et se demandent comment agir. Le père tente de raisonner Anne-Sophie en lui disant qu’il n’y a rien de dangereux et qu’elle peut passer la nuit seule dans sa belle chambre. Toutefois, depuis plusieurs jours, la mère parle de la laisser dormir dans le lit conjugal afin d’avoir une bonne nuit de sommeil, une fois pour toutes. Le père hésite à intervenir de la sorte pour plusieurs raisons : il a peur que Anne-Sophie prenne trop de place dans le lit et que ce soit inconfortable, il a peur de lui faire mal ou même de l’écraser durant son sommeil et il croit qu’une fois qu’ils lui auront permis de dormir une nuit avec eux, il sera bien difficile de la convaincre de regagner son lit d’enfant et de retrouver leur intimité de couple.

Les problèmes de sommeil chez un enfant sont probablement parmi les plus difficiles à vivre pour les parents. Il n’y a rien de pire que de voir ses nuits de sommeil constamment interrompues… En fait, interrompre le sommeil des prisonniers a même déjà été une forme de torture au cours de certaines guerres! De plus, lorsque l’on souffre d’un manque de sommeil, il est difficile d’intervenir rationnellement au beau milieu de la nuit… sans être tenté d’acheter la paix.

Il est également important de comprendre que pour l’enfant, la nuit peut être quelque chose d’insécurisant… il fait noir et il doit être séparé de ses parents pendant plusieurs heures, alors qu’eux dorment ensemble. Dans certains cas, la peur sera passagère et se dissipera d’elle-même. Dans d’autres cas, la peur de l’enfant nécessitera une intervention des parents.

Pour bien des gens, amener son enfant dormir avec soi peut sembler efficace à court terme. L’enfant, rassuré par la présence de ses parents, s’endormira plus facilement. Cependant, lorsqu’on le remettra dans la situation initiale qui lui faisait peur – dormir seul dans sa chambre – la peur reviendra et on s’apercevra alors que le problème n’était pas vraiment réglé… il était seulement « camouflé »! En fait, en amenant l’enfant dormir avec soi, on lui confirme indirectement ses fausses croyances anxiogènes : qu’il a besoin de dormir avec ses parents, qu’il est dangereux de dormir sans eux, qu’il ne pourra jamais dormir seul… De plus, il ne peut plus s’habituer à l’environnement de sa chambre.

Comment régler le problème? Une première façon d’intervenir est de reconduire l’enfant dans sa chambre chaque fois qu’il se lève, sans se mettre en colère et en lui disant des paroles rassurantes. Si possible, le parent peut rester près de lui jusqu’à ce qu’il s’endorme. Évidemment, cela demande du temps, de la patience et de l’énergie aux parents. Mais, au bout de quelques jours ou de quelques semaines, l’enfant aura un sommeil plus paisible, se réveillera moins souvent, et s’endormira plus facilement, rassuré par la confiance qu’il peut avoir en ses parents. De plus, puisque cette approche le fait dormir dans sa chambre, elle lui permet d’apprivoiser graduellement le fait de dormir dans cet environnement.

Pour ceux qui préfèrent être moins dérangés durant la nuit, il y a également la possibilité d’installer un matelas dans la chambre de l’enfant afin qu’un des deux parents y passe la nuit. Encore une fois, il s’agit d’offrir une présence rassurante à l’enfant, tout en lui permettant de s’habituer à sa chambre. Au fur et à mesure que sa peur diminue, le parent peut augmenter progressivement la distance entre son matelas et le lit de l’enfant, afin que ce dernier s’adapte graduellement à dormir de plus en plus séparé de son parent… jusqu’à ce que le matelas soit dans le corridor! À ce moment, l’enfant est probablement prêt à accepter que Papa ou Maman regagne le lit conjugal. Alors, une belle routine rassurante d’avant dodo suffira à le détendre pour qu’il puisse trouver le sommeil de façon autonome, sans l’accompagnement d’un parent. À court terme, cette technique demande plus de temps et d’efforts que de permettre à l’enfant de dormir dans le lit conjugal… mais elle permet d’éliminer réellement la peur, plutôt que de simplement l’éviter temporairement.

Les parents pourront ensuite retrouver des nuits complètes, leur intimité… et peut être même en profiter pour concevoir un autre enfant!

 

PS : Pour plus d’informations sur le sommeil des enfants, vous pouvez consulter mon livre Chut! Fais dodo…, publié aux Éditions La Presse.

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