Les activités parascolaires: trop, c’est comme pas assez!

 

Stéphane et Isabelle viennent d’inscrire leurs deux enfants à une activité chacune. Mégane, 7 ans, fera de la danse et Charlotte, 9 ans, s’est inscrite à la natation. Ils observent que leurs amis Karine et Simon, sont toujours à la course entre les pratiques et les matchs de hockey, les cours de danse, les leçons de piano et le scoutisme de leurs deux enfants. Et c’est sans compter les ventes de chocolat et autres activités bénévoles pour les collectes de fonds. Leurs enfants n’ont pratiquement pas de temps libres. D’un autre côté, les enfants d’un autre couple d’amis, Marc-André et Sylvianne, ne sont inscrits à aucune activité organisée. Selon Stéphane et Isabelle, cela les prive d’opportunités de valorisation et de socialisation à l’extérieur de l’école. De leur côté, pour le bien de leurs enfants, ils tentent de leur faire profiter des bienfaits des activités parascolaires, sans en vivre les inconvénients.

Chacun peut avoir son opinion par rapport au fait d’inscrire ou non ses enfants à des activités parascolaires. De mon côté, je crois que, comme pour bien d’autres bonnes choses de la vie, la modération a bien meilleur goût!

En fait, inscrire son enfant à des activités parascolaires peut comporter de nombreux avantages.  Par exemple, l’activité peut être une occasion de se faire des amis à l’extérieur de l’école, ce qui peut être intéressant dans le cas où un enfant éprouve des difficultés d’intégration sociale. De plus, les activités parascolaires sont souvent un endroit où les parents rencontrent d’autres parents. Cela peut donner l’occasion d’agrandir le réseau social ou encore simplement de mieux connaître les parents des amis de leur enfant. Plus important encore, pratiquer un sport ou une activité culturelle peut être une excellente source valorisation et favoriser le développement de l’estime de soi. Dans certains cas, cela permettra même à l’enfant et à ses parents de découvrir chez lui un talent inné et de le développer. Enfin, plusieurs parents diront que pratiquer un sport ou une activité socioculturelle protège les préados et les ados du risque de flâner dans les parcs ou d’abuser d’Internet et des jeux vidéo.

Toutefois, les activités parascolaires peuvent apporter certains inconvénients… Dans certains cas, les enfants pourraient ressentir une pression de performance de la part de leurs parents, de leur coach ou même s’imposer cette pression eux-mêmes. Dans d’autres cas, le temps par semaine accordé aux activités parascolaires deviendra tellement important que l’enfant n’aura plus de temps pour voir ses amis dans des contextes plus libres. Dans ces circonstances, l’activité peut devenir une obligation et une source de stress plutôt qu’une source de plaisir, de valorisation et de détente. De plus, quand il y a trop d’activités dans la semaine, les parents aussi peuvent devenir stressés par toutes les tâches que cela ajoute à leur quotidien. Ironiquement, les activités parascolaires peuvent même diminuer le temps passé en famille… les parents en viennent à être plus souvent spectateurs des performances de leur enfant plutôt qu’à être en interaction positive et directe avec eux!

Comment trouver l’équilibre dans tout ça? Un point important est de s’assurer que notre enfant a du plaisir et que son activité ne semble pas devenir une corvée pour lui. Quand c’est le cas, certains parents voudront que l’enfant poursuive tout de même l’activité pour lui apprendre la persévérance. Ma suggestion : demander à l’enfant de se rendre jusqu’à la fin de la session pour lui apprendre à terminer ce qu’il commence, mais lui permettre de changer d’activité à la fin d’une session si ses intérêts changent ou s’il s’aperçoit qu’il a plus de talents dans une autre sphère d’activité. Enfin, il est important de s’assurer que les activités n’interfèrent pas avec les autres sphères de la vie de l’enfant et de la famille : école, devoirs et études, vie sociale, temps en famille, temps libre…

Parce que du temps libre, il en faut aussi. Il y a des façons saines de flâner sans que cela ne signifie nécessairement de traîner dans un parc en faisant du vandalisme! Flâner peut aussi vouloir dire relaxer, développer sa créativité pour se trouver un passe-temps, parler à un ami au téléphone juste pour le plaisir, feuilleter un magazine, jouer avec le chien… et même si tout ça ce n’est pas valorisé dans notre société de performance, croyez-moi, c’est de l’hygiène mentale!

L’attachement parent-enfant… la base de l’estime de soi

 

Jacques et Maryse se surprennent eux-mêmes : longtemps, ils ont cru que plusieurs de leurs amis étaient devenus complètement « gagas » de leur enfant, lorsqu’ils sont devenus parents. Mais voilà que Maryse a accouché il y a deux semaines et qu’ils réalisent qu’ils ont exactement le même comportement que leurs amis les plus « gagas » : ils s’émerveillent au moindre regard ou au moindre geste de leur poupon, ils trouvent que c’est le plus beau, le plus fin et le plus intelligent des bébés! Ils constatent donc qu’ils ne sont pas à l’abri de l’amour inconditionnel qu’une majorité de parents ressentent pour leur bébé, à partir de sa naissance, et peut-être même avant. Pour Jacques et Maryse, l’excitation a commencé avant la naissance, mais en voyant leur poupon, ce fut carrément le coup de foudre. Ce n’est pas compliqué : ils s’ennuient de lui lorsqu’il dort, même s’il est dans la même pièce qu’eux!

Beaucoup de gens ressentent ces émotions de type « coup de foudre » à l’arrivée de leur enfant. On dirait que c’est un phénomène universel. C’est une bonne chose, car dès son arrivée dans le monde, Bébé a besoin de beaucoup de soins et d’attention.  De plus, pour bien s’épanouir au plan psychologique, il doit développer une relation d’attachement sécurisante avec ses parents. Pour y arriver, ces derniers doivent répondre à ses besoins physiques et affectifs, dès qu’il les exprime, à toute heure du jour ou de la nuit, peu importe le manque de sommeil!

En fait, pour être plus précis, l’attachement peut se définir comme le lien affectif qui se développe entre un enfant et ses parents. C’est essentiel, car c’est ce qui lui permet d’évoluer dans un climat de confiance et de sécurité. C’est en ressentant cette base de sécurité qu’il pourra, en grandissant, explorer son environnement, faire ses apprentissages et mieux réguler ses émotions. Éventuellement, cela aura une influence sur son estime de soi et sur son sentiment d’efficacité personnelle. En effet, en explorant son environnement, en gagnant de l’autonomie et en relevant des défis, l’enfant construira peu à peu sa confiance en lui et sa conception de soi comme étant capable d’affronter le monde extérieur.

C’est également la relation d’attachement avec ses parents qui jettera les bases de sa future conception des relations interpersonnelles… est-ce que je peux faire confiance aux autres, est-il probable de se faire abandonner, est-ce que je peux m’attendre à ce qu’on soit là pour moi, suis-je digne d’amour?

Donc, l’enfant qui ne parvient pas à développer un lien d’attachement sécure risque de souffrir subséquemment d’importants problèmes sociaux et affectifs.

Dès les premières semaines de vie, la façon dont les parents répondront aux besoins (physiques et affectifs) de Bébé établira la façon dont le lien de confiance se développera.

Il va sans dire qu’il faut le nourrir au besoin, le prendre dans ses bras lorsqu’il s’ennuie ou qu’il a un malaise, le cajoler, le câliner… il doit sentir qu’on l’écoute et qu’on le comprend. On peut aussi imiter ses gazouillis et lui parler pendant que nous vaquons à nos occupations. Lorsqu’un parent répond aussi bien aux besoins de son enfant, il lui envoie plusieurs messages… entre autres :

Alors, chers parents, n’hésitez pas à aimer vos enfants et à être « gagas » dès leur naissance. C’est en croyant que votre tout-petit est le plus beau, le plus fin et le plus intelligent que vous trouverez toute l’énergie pour répondre à autant de besoins, même en plein milieu de la nuit. C’est ainsi que vous vous montrerez chaleureux avec lui et que la relation d’attachement et son estime de soi se développeront. Bref, aimez inconditionnellement vos enfants… c’est bon pour eux!

 

 

 

 

Quand un parent hésite à consulter pour son enfant

 

Depuis plusieurs mois, Nathan manifeste des problèmes de comportement à la maison et à la garderie. Il ne respecte pas les consignes et se montre parfois agressif envers les amis et son petit frère. Puisque les parents tentent toutes sortes d’interventions, mais sans succès, la grand-mère de Nathan leur a timidement suggéré de consulter. Christine, la mère de Nathan, est d’accord avec l’idée. Elle n’en peut plus des commentaires négatifs que l’éducatrice de la garderie lui fait chaque soir qu’elle vient le chercher. De son côté, Martin, le père de Nathan, est un peu insulté de cette suggestion de la grand-mère : « Croit-elle que notre fils est si débile? Un psy, c’est pour les enfants qui ont une maladie mentale ou qui ont été abusés ». Christine pensait un peu comme lui au début, et jamais elle n’aurait pensé un jour avoir besoin de consulter. Mais, en ce moment, quelques conseils de la part d’un professionnel ne seraient pas de refus! Et si quelques séances leur permettaient de retrouver une qualité de vie familiale? Peut-être que l’investissement de temps et d’énergie en vaudrait la peine? De toute façon, elle a l’impression d’avoir tout essayé et visiblement, ils ne sont pas sur la bonne voie. Si ça continue, ce n’est pas son fils qui va avoir besoin d’un psy, mais elle-même ou son couple!

Rassurez-vous, le but de cette chronique n’est pas de faire la promotion de ma profession! De toute façon, quand un enfant vit des difficultés, il est possible de consulter toutes sortes de professionnels, selon le type de problème. En fait, mon but est plutôt de rassurer certains parents qui vivent des problèmes familiaux et qui pourraient se sentir méfiants face à l’idée d’entreprendre une démarche. En effet, comme Martin, plusieurs parents croient que les psy, c’est pour les fous! D’autres parents perçoivent le fait d’avoir à demander une aide professionnelle comme une défaite ou un échec. Comme s’il s’agissait d’un aveu qu’ils ne sont pas de bons parents. Certains d’entre eux présument que le professionnel les critiquera sévèrement. La démarche vers une aide professionnelle n’est donc considérée qu’en dernier recours. Pourtant, s’ils étaient conscients des motifs les plus fréquents des parents qui téléphonent dans les cabinets de psychologues, ils se diraient que ces parents consultent trop tôt, sans avoir tout essayé, ou encore qu’ils le font pour rien.

Est-il possible de consulter trop tôt ou pour rien? Une chose est certaine, j’ai vu beaucoup de gens consulter très tard. Trop tard? Non! Il n’est jamais trop tard pour bien faire! Mais assez tard pour que le problème soit plus compliqué à régler.

Lorsqu’une difficulté s’étire dans le temps, la qualité des relations familiales s’effrite, la relation de couple des parents peut en souffrir, et l’estime de soi de l’enfant concerné peut se détériorer à un tel point, qu’il peut développer d’autres problèmes ou voir la difficulté initiale s’aggraver. Alors, mieux vaut consulter trop tôt et risquer de se faire dire au bout de trois rencontres que le problème est réglé, que de trop attendre avant de demander de l’aide.

En fait, dans ma pratique, j’ai déjà vu des parents consulter alors qu’ils connaissaient déjà la solution! Ils avaient besoin d’être plus sûrs d’eux avant d’intervenir. Deux ou trois rencontres leur ont permis d’identifier leurs forces et les quelques points à améliorer dans leur attitude parentale. Souvent, les apprentissages qu’ils font en quelques consultations leur serviront toute la vie. Pour d’autres parents qui consultent, un trouble quelconque sera identifié chez leur petit (ex.: trouble d’anxiété, trouble de comportement, d’apprentissage, etc.). On se rendra alors probablement compte que ces parents avaient fait toutes les interventions nécessaires pour un enfant normal, ce qui était insuffisant dans les circonstances. L’évaluation du professionnel leur permettra d’adapter leurs interventions à la réalité de leur enfant, et par la suite, de trouver un meilleur équilibre familial.

Pour ceux qui croient que ceux qui consultent sont de mauvais parents, sachez que le simple fait d’avoir l’humilité de chercher de l’aide et de le faire pour le bien de son enfant est déjà un signe que se sont des parents qui ont le cœur à la bonne place et qui priorisent leur vie familiale avant leur orgueil.

Pour ceux qui hésitent à consulter par peur d’être critiqué, sachez que les professionnels sont là pour trouver des solutions, pas pour vous culpabiliser ou vous démoraliser. Parfois, ils peuvent vous dire en quoi certaines de vos façpns de faire sont responsables du problème. C’est peut-être difficile à accepter comme commentaire, mais c’est en fait une bonne nouvelle. Car les choses dont nous sommes responsables sont en notre contrôle et nous avons le pouvoir de les changer pour le mieux. Plus vite nous sommes conscients de nos erreurs, plus nous pouvons limiter leur impact sur notre enfant et notre vie familiale. Et, pour être honnête… un parent qui ne fait pas d’erreur, ça n’existe pas. Même les psy font des erreurs avec leurs propres enfants…

Mais ça, c’est un secret entre vous et moi! 😉

 

 

 

 

 

Le rôle délicat de beau-parent

 

Sophie, 30 ans, est amoureuse! Il y a six mois, une amie lui a présenté un collègue de bureau célibataire. Depuis, ils ne se quittent plus… sauf quand Jean-François a ses deux enfants avec lui à la maison. Sophie veut s’assurer de la solidité et de la viabilité de sa relation avec Jean-François avant de s’attacher à ses enfants. Sinon, s’il y avait rupture, elle aurait à faire le deuil de trois personnes plutôt que d’une seule. Et c’est sans compter l’importance qu’elle accorde au fait de ne pas trop s’imposer à eux qui, contrairement à leur père, ne l’ont pas choisie. De plus, elle se questionne beaucoup sur le rôle d’un beau-parent… jusqu’à quel point devra-t-elle s’impliquer dans l’affection, les soins et l’encadrement à offrir à Arnaud et Stella? Ils ont déjà un père, une mère, une éducatrice, une enseignante, un beau-père… ont-ils vraiment besoin d’une personne supplémentaire pour veiller sur eux? En même temps, est-ce que recevoir trop d’amour et d’encadrement est une chose possible pour un enfant? Peut-être a-t-elle quelque chose de spécial à leur apporter… peut-être qu’eux-mêmes apporteront beaucoup à sa propre vie. Jean-François, avec toute sa sagesse, lui dit qu’elle aura une réponse à ses questions seulement lorsqu’elle « plongera ». En voyant ses grands yeux angoissés, il ajoute qu’il s’agit d’une adaptation et d’un apprentissage qu’elle pourra faire au jour le jour, et qu’il a confiance qu’elle fera une excellente belle-mère, elle qui adore les enfants. Il faut bien qu’un chum rassure sa blonde!

À une époque où les familles recomposées sont de plus en plus nombreuses, comment savoir quelle est la meilleure façon de jouer ce rôle délicat de beau-parent? La vérité est qu’il n’y a pas de recette toute faite, car de nombreux facteurs varient d’une famille recomposée à une autre :

Tous ces facteurs font en sorte que n’importe quel individu qui s’apprête à devenir beau-parent peut se poser de nombreuses questions : Quels rôles appartiennent seulement aux parents et jusqu’où un beau-parent peut-il s’impliquer dans la vie d’un enfant, tant d’un point de vue de ses besoins primaires, de ses besoins affectifs, que de son besoin d’encadrement?

Je crois qu’il faut adopter ce rôle en prenant son temps et surtout, en étant conscient qu’il faudra s’ajuster. En fait, il faut prendre conscience que contrairement à notre conjoint(e), son enfant ne nous a pas choisi et notre présence dans sa vie lui demandera une période d’adaptation.

Un beau-parent doit donc d’abord laisser le temps au jeune de l’apprivoiser et de développer sa confiance en lui. Pour bâtir graduellement cette relation, on peut d’abord privilégier le jeu et les soins avant de s’impliquer dans l’éducation et l’encadrement. Si l’enfant sent qu’on cherche à s’imposer dans sa vie avec toute une gamme de nouvelles routines et de nouveaux règlements, il risque de se braquer et de nous percevoir comme un(e) rival(e).

On peut faire un parallèle avec un couple qui vient d’avoir un nouveau-né. Avec un tout petit bébé, on ne fait pas tout de suite de l’encadrement et de la discipline. On commence d’abord par lui donner des soins et beaucoup d’affection. Graduellement, la relation d’attachement se développe et le poupon apprend à faire confiance en Papa et Maman. Ensuite arrive le « terrible deux ans » durant lequel le bambin commence à s’opposer. C’est à ce moment que les parents commencent à appliquer l’autorité et la discipline… bien après que leur enfant ait appris à leur faire confiance. C’est dans la nature des choses.

Ainsi, en tant que beau-parent, avant de commencer à se questionner sur le moment ou la façon d’instaurer son autorité, il faut d’abord se demander comment entrer en relation avec l’enfant, comment respecter son rythme d’adaptation et obtenir sa confiance. Ensuite, à travers le quotidien et avec une bonne communication avec le parent, la meilleure façon de s’impliquer dans la discipline deviendra plus claire… et ce niveau d’implication ne sera pas nécessairement la même d’un beau-parent à l’autre.

En effet, si l’ex de votre conjoint(e) s’investit beaucoup dans l’éducation de son enfant et n’est pas très à l’aise avec votre arrivée dans sa vie, peut-être adopterez-vous un profil plus bas. Si, au contraire, l’autre parent est absent ou désengagé, et que le bambin s’attache promptement à vous, alors peut-être serez-vous à l’aise de vous impliquer plus rapidement.

Toutes les familles recomposées sont différentes et la façon d’aborder le rôle de beau-parent peut varier d’une personne à l’autre, mais certains principes de base peuvent faciliter l’adaptation à ce rôle:

En suivant ces grands principes de base, non seulement on peut s’adapter à ce rôle parfois ambigu qu’est celui de beau-parent, mais, qui sait, peut-être pourra-t-on même finir par trouver que c’est le rôle le plus génial qu’on n’ait jamais eu à jouer?

PS : Pour plus d’informations sur le rôle de beau-parent, vous pouvez consulter mon livre Mes parents se séparent… et moi, alors? La séparation des parents et les familles recomposées, publié aux Éditions La Presse.

Les défis de la conciliation travail-famille…

 

Rebecca est une maman monoparentale qui vit avec sa fille de 13 mois, Eva-Rose, et son fils de 5 ans, Maxime. Ce dernier a de légers problèmes de comportements, qui lui causent des soucis à l’école et dans sa relation avec sa mère. Par chance, l’employeur de Rebecca s’est doté d’une bonne politique de conciliation travail-famille et de santé et mieux-être: congés parentaux, horaires flexibles, congés pour raisons familiales, possibilité de télétravail, programme d’aide aux employés… Il est vrai que lorsqu’elle se compare à plusieurs de ses amies, elle réalise qu’elle jouit de conditions de travail qui facilitent son rôle de parent. Mais tout de même… en étant monoparentale, isolée de sa famille élargie qui habite en région et avec un bébé et un garçon qui a des problèmes de comportements, elle se sent parfois submergée. Elle remarque que lorsque l’un de ses enfants passe une mauvaise journée, sa concentration au bureau s’en ressent le lendemain… préoccupée, elle se sent moins productive. De même, quand elle vit plus de stress au travail, elle est moins patiente à la maison, ce qui a des répercussions sur sa relation avec ses petits amours.

Dans un monde idéal, il y aurait une barrière étanche entre la carrière et la vie personnelle. Cette barrière nous aiderait à garder les problèmes du travail au bureau, et les problèmes familiaux dans la famille. Malheureusement, tous les travailleurs, qui sont aussi des parents, savent bien que ces deux sphères de leur vie ont une frontière perméable aux émotions. Quand tout va bien dans les deux domaines, il est plus facile de bien les gérer et de ne pas les mélanger. Mais quand l’une des deux sphères fonctionne mal, l’autre en subit des impacts.

S’il en est ainsi, c’est tout simplement parce que nous sommes des êtres humains et que nous avons un cœur et des émotions. C’est très bien ainsi. Je ne voudrais pas vivre dans un monde de robots froids dépourvus de chaleur et d’affection!

Dans le monde du travail, les choses évoluent lentement, mais sûrement. De nombreuses entreprises et organisations se dotent maintenant de politiques de conciliation travail-famille, en permettant à leurs employés d’avoir des horaires flexibles, des congés parentaux ou de faire du télétravail. Ces initiatives, permettant de limiter les conflits d’horaire, aident les employés à trouver un équilibre entre leurs rôles professionnels et de parents… mais cela n’augmente pas nécessairement leur sentiment de compétence parentale. Malgré toute la flexibilité que son employeur lui manifestera, si un parent vit des difficultés avec l’un de ses enfants, ses préoccupations risquent d’affecter sa capacité de concentration et, par ricochet, son rendement au travail. Les entreprises les plus innovatrices en matière de conciliation travail-famille offrent plus que des congés et du télétravail à leurs employés. Certaines offrent, en milieu de travail, des conférences ou des formations sur les habiletés parentales. Il peut y être question d’une foule de sujets, pourvu que les employés puissent y apprendre des stratégies améliorant leur vie familiale et leur confiance en soi en tant que parent… gestion du temps, réponse aux besoins des enfants, discipline, gestion des émotions, habiletés de communication, supervision de la période des devoirs, hygiène du sommeil des enfants…

Ces employeurs ont compris que s’ils offraient des outils à leurs employés pour améliorer leurs habiletés parentales et la qualité de leur vie familiale, leurs soucis et leurs préoccupations diminueraient… et leur productivité augmenterait. C’est un peu comme les entreprises qui font installer un gym dans leurs locaux, parce qu’ils ont compris que l’exercice physique était une bonne façon de gérer le stress, de socialiser entre collègues et d’augmenter le niveau d’énergie et de concentration des employés.

À court terme, cela implique des coûts pour l’entreprise, mais à long terme, cela apporte plusieurs avantages :

Sans compter tout le bien-être apporté à la famille, aux enfants et aux parents.

Certains cyniques diront probablement que rien n’est gratuit, et que le but ultime est la performance de l’entreprise… mais je crois que si le chemin pour y arriver est le bien-être et l’équilibre des employés, c’est gagnant-gagnant!

Bref, les employés qui ont des enfants sont un peu comme des jongleurs qui doivent manipuler plusieurs balles, dont celle de leur carrière et celle de leur rôle de parent. L’employeur a le choix entre augmenter le poids de la balle du travail, en ignorant le fait que son employé a d’autres balles avec lesquelles jongler… ou encore de lui donner des outils pour devenir un meilleur jongleur! Peut-être qu’avec cette deuxième option, c’est l’employé lui-même qui, motivé par un plus grand sentiment de compétence, demandera à avoir une balle plus grosse pour le travail (c’est-à-dire plus de responsabilités)!

Quand un enfant vit un déménagement…

 

Annie-Claude et Stéphane sont inquiets pour leur fils Jordan, âgé de 6 ans. C’est que, comme bien des familles québécoises, ils déménageront le 1erjuillet… ça vient vite! Le petit Jordan commence à poser des questions : « Comment sera ma chambre dans la nouvelle maison? Est-ce que votre chambre sera près de la mienne? Peut-être que je ne reverrai jamais mes amis? Et si je n’arrivais pas à me faire de nouveaux copains? Et si je me perdais en me rendant à l’école? » Les parents tentent de le rassurer du mieux qu’ils peuvent en répondant à toutes ses questions, mais ils se demandent s’il n’existerait pas d’autres stratégies pour diminuer son stress. Ils sont eux-mêmes un peu stressés par toutes les étapes qui précèdent le déménagement : rendez-vous chez le notaire et à la banque, faire les boîtes, aviser les compagnies de câble, de téléphone, d’électricité, d’Internet, peinturer quelques murs, acheter des rideaux, faire le ménage de la maison actuelle… Difficile de rassurer un enfant quand on est soi-même dans l’énervement! Pourtant, on déménage souvent pour le mieux… pour intégrer une demeure plus grande ou mieux adaptée à nos besoins. Il reste que tout changement met au défi notre capacité d’adaptation et les enfants, Annie-Claude et Stéphane le réalisent bien, ont souvent besoin de l’aide de leurs parents pour traverser cette période de changements.

Un déménagement est un événement stressant pour un jeune… surtout lorsqu’il implique un changement de ville, une nouvelle école et le déracinement de sa communauté et de son groupe d’amis. Comme pour une séparation ou la recomposition d’une famille, un déménagement est une situation que l’enfant subit… il ne l’a pas choisi. Certains jeunes seront heureux de leur nouvelle maison, mais cela ne veut pas dire qu’ils ne ressentiront aucun stress au moment du déménagement. Le pire dans tout ça, c’est que souvent, les enfants n’exprimeront pas verbalement leur anxiété par rapport au changement qui vient, mais ils manifesteront plutôt des changements d’attitude ou de comportement. Certains auront des cauchemars, d’autres deviendront plus agressifs ou irritables et enfin, certains pourraient se plaindre de maux de tête ou de maux de ventre.

Heureusement, il existe plusieurs moyens d’aider un enfant à vivre un déménagement. Par exemple, afin d’éviter de le laisser dans l’inconnu et pour l’aider à se familiariser avec son futur environnement, une bonne stratégie est de l’amener quelques fois visiter le nouveau quartier, voir la nouvelle maison, faire connaissance avec les voisins et répéter à plusieurs reprises une petite marche entre la maison et la nouvelle école… Il est même possible d’aller au parc le plus près de la nouvelle demeure avec l’enfant, pour qu’il rencontre les copains potentiels du voisinage et qu’il commence déjà à croire en la possibilité de se faire de nouveaux amis.

Comme les jeunes perçoivent facilement les émotions de leurs parents, il est important de ne pas se montrer soi-même trop stressé ou négatif par rapport au déménagement. Plus on est calme et positif face au changement qui s’en vient, plus l’enfant se sentira sécurisé. Si c’est possible, les parents peuvent même partager leurs propres expériences antérieures de déménagements, surtout si ces histoires permettent à l’enfant de comprendre qu’il est normal de se sentir un peu stressé, mais qu’on finit par s’adapter à notre nouveau milieu de vie et surtout, à se faire des amis. Si les parents ont peu ou pas d’histoires positives de déménagement à raconter, il existe des livres d’histoires dans lesquels des personnages vivent la même situation et finissent par s’y adapter. Lire une telle histoire, adaptée au niveau d’âge de l’enfant, lui permettra de mieux comprendre ce qui se passera, lui donnera une occasion d’exprimer verbalement ses émotions et de discuter de stratégies d’adaptation avec son parent.

Pour les jeunes sensibles et nostalgiques, une bonne idée pour les apaiser est de prendre des photos de l’ancienne maison, de conserver des petits objets en souvenir de la maison et de les placer dans une petite boîte que l’on pourra décorer. Il est important de lui laisser l’occasion de dire « au revoir » à l’ancienne maison une fois qu’elle est vide. Aussi, lorsqu’on arrive dans la nouvelle demeure, il est important de tenter d’avoir une routine stable le plus rapidement possible… la stabilité aidera l’enfant à s’adapter plus vite.

Avant et après le déménagement, il faut s’attendre à peut-être devoir prolonger la routine du dodo pour rassurer Fiston ou Fillette, et l’aider à se détendre. Si l’enfant exprime son angoisse, il faut se montrer à son écoute et surtout ne pas banaliser sa détresse. Après le déménagement, lorsqu’il parle d’événements de la journée qui démontrent qu’il s’adapte, il est important de lui dire qu’on est fier de lui plutôt que de lui dire « je te l’avais bien dit ». Pourquoi? Parce qu’il vaut mieux augmenter sa confiance en lui que sa confiance en notre capacité de prédire l’avenir!

 

 

 

 

 

 

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