Êtes-vous le parent d’un mauvais perdant?

 

Thomas, 7 ans, aime faire bonne figure et déteste perdre ou faire une erreur. Lorsqu’il perd à un jeu, il peut parfois avoir des réactions extrêmes. Il s’enrage, il veut abandonner l’activité, il peut même éclater en sanglots… Ses parents, un peu découragés, s’inquiètent des conséquences cette attitude compétitive et perfectionniste chez leur fils. Ils se demandent s’il s’agit des signes précurseurs de l’anxiété de performance. Ils anticipent les conséquences qu’il pourrait subir s’il ne comprend pas un jour qu’on peut avoir du plaisir en jouant, même lorsque l’on perd. Ils essaient de lui apprendre que jouer est amusant, même lorsque l’on ne gagne pas, et que l’important, c’est de participer. Mais, lorsqu’ils tiennent ce genre de discours moralisateur, Thomas les écoute avec un regard sceptique.

Comme Thomas, certains enfants ont un esprit compétitif et ne veulent absolument pas faire d’erreur. Selon eux, il faut être le meilleur, être le premier et toujours gagner ! Parfois, cette attitude peut faire partie de leur tempérament, mais il est également possible que l’enfant adopte cette compétitivité et cette aversion de l’échec en observant l’un de ses parents. En effet, il ne faut jamais sous-estimer le pouvoir de l’apprentissage par observation !

Nous vivons aussi dans une société de performance où gagner et réussir sont extrêmement valorisés. Dans ce contexte social, il est difficile de transmettre à un jeune enfant le message que l’on peut s’amuser même si l’on ne gagne pas!

Sous les comportements dérangeants de cette attitude de mauvais perdant se cache souvent une anxiété de performance et une croyance que les conséquences de perdre peuvent être terribles (ex. : les gens ne m’aimeront plus, je serai nul toute ma vie…). Même nous, adultes, sommes parfois effrayés par les conséquences possibles d’un échec…

Selon leurs attentes, leur personnalité et leur passé respectifs, les parents peuvent réagir à cette attitude de multiples façons… Certains puniront l’enfant, considérant qu’une attitude de mauvais perdant est un comportement répréhensible. D’autres percevront la détresse cachée sous la colère de leur gamin, et tenteront de le consoler lorsqu’il perd. Certains parents feront exprès pour faire perdre l’enfant lorsqu’ils jouent avec lui, pour « casser » son attitude, alors que d’autres, au contraire, feront exprès pour le laisser toujours gagner, afin d’éviter la tempête. Enfin, certains parents tenteront de convaincre fiston ou fillette d’être serein et d’appliquer le principe de la pensée positive… « J’ai perdu, mais je suis tout de même joyeux, car je me suis amusé »!

La meilleure approche parentale à prendre est de tenter soi-même de bien réagir à ses propres erreurs et à ses propres échecs! Être un modèle positif pour l’enfant, quoi! Il est également important de jouer honnêtement, sans faire « exprès » pour perdre ou gagner. Graduellement, l’enfant peut apprendre que dans la vie, la réalité est que parfois l’on gagne, parfois l’on perd. Un équilibre peut être apporté en choisissant des jeux et des activités qui ne sont ni trop faciles, ni trop difficiles pour l’enfant.

On peut aussi apprendre à l’enfant à prendre une pause de la compétition pour lui apprendre la coopération. Vous pouvez faire un bricolage collectif, un grand casse-tête en famille… n’importe quelle activité qui favorise l’entraide et dans laquelle il n’y a ni perdant, ni gagnant.

Enfin, lorsque votre enfant perd et qu’il réagit mal, ne tentez pas trop de le convaincre que ce n’est pas grave… Pourquoi? Parce qu’il recevra de nombreux messages contraires des médias, de ses amis et parfois même de vous (ex. : il faut avoir de bons résultats scolaires, il faut faire des efforts pour réussir…). Lorsque votre enfant est triste ou frustré après avoir vécu un échec, mieux vaut valider son émotion en lui disant que c’est effectivement décevant, et que l’on comprend qu’il aurait préféré gagner. Sa détresse sera alors diminuée de moitié, puisqu’il se sentira compris. Vous pouvez aussi lui demander s’il a perdu ou échoué à cause de la malchance, ou à cause d’une erreur. Et si c’est une erreur, quel apprentissage peut-il en tirer? Alors seulement, après cette écoute et ces signes d’empathie de votre part, pourra-t-il être ouvert au discours de type « l’important, c’est de participer »!

P.S.: Vous trouverez des suggestions de méthodes de gestion de la colère et de résolution de conflits dans mon livre C’est pas moi, c’est lui, volume 5 de la collection Vive la vie en famille, publiée au Éditions LaPresse.

 

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