Manger en famille, c’est important!

 

Viviane et Martin sont les heureux parents de Théa, 8 ans, et Alexis, 6 ans. Leurs semaines sont mouvementées, étant donné que chacun des enfants pratique une activité parascolaire. Souvent, à cause des horaires des pratiques et des parties de soccer ou des cours de ballet, ils ne mangent pas ensemble le soir. Ils tentent de se reprendre la fin de semaine, mais les parents ont aussi tendance, le vendredi soir, à laisser manger les enfants au comptoir-lunch, devant leur tablette, pendant qu’eux mangent en couple avec un bon verre de vin, pour décompresser de leur semaine de fou. Un de ces vendredis soirs en tête à tête, Viviane affirme qu’elle regrette de ne pas avoir plus souvent l’occasion de manger en famille, comme elle le faisait avec ses parents lorsqu’elle était enfant. Martin, avec ses paroles rassurantes, tente de la déculpabiliser, en lui disant que Théa et Alexis sont choyés de faire tant d’activités et d’avoir accès à cette belle technologie, qu’eux-mêmes n’ont pas connue lorsqu’ils étaient jeunes… Vivianne, apprécie ses efforts pour l’apaiser, mais elle continue de croire que quelque chose cloche. Elle n’arrive pas à identifier pourquoi, mais elle sent que sa famille passe à côté de quelque chose.

Martin est bien gentil de vouloir rassurer sa bien-aimée, et il est vrai qu’il faut parfois dédramatiser les choses… mais, de son côté, Viviane n’a pas tort de croire que manger en famille est important et qu’ils auraient intérêt à tenter de gérer leur horaire de façon à pouvoir partager leurs repas ensemble le plus souvent possible.

Pourquoi?

On pourrait écrire tout un livre sur le sujet… mais je résumerais le tout en disant que manger en famille permet aux parents d’avoir une influence positive sur quatre grands aspects du développement de leurs enfants…

1- La transmission des valeurs culturelles et familiales :

Les repas où tous les membres de la famille sont assis à la même table ne servent pas qu’à nourrir vos enfants… ce sont parmi les seuls moments de la journée où tout le monde est réuni et discute de sa journée, de l’actualité, partage son opinion sur certains faits, fait la conversation, parle de relations interpersonnelles avec les autres, etc. Durant ces discussions, vos enfants écoutent, partagent, observent et apprennent sur les codes de leur culture, les valeurs de leurs parents, l’art de faire la conversation, les bonnes manières, l’opinion qu’on les membres de leur famille sur eux… tout ce qu’il faut pour construire progressivement le concept de soi et le concept du monde dans lequel ils évolueront, rien de moins!

2- L’alphabétisation et la performance scolaire :

Croyez-le ou non, certaines études corrélationnelles tendent à démontrer que les adolescents qui mangent plus souvent en famille ont de meilleures moyennes cumulatives dans leurs résultats scolaires! Mais au-delà de présenter ces résultats qui semblent relever de la magie, certains linguistes émettent l’hypothèse que c’est le plus souvent lors des repas pris en famille que les enfants sont exposés à des conversations riches et éducatives. Ils peuvent également entendre tous les actes mentaux que verbalisent leurs parents (planifier, se projeter dans l’avenir, faire des raisonnements hypothétiques…), ce qui favoriserait leurs stratégies d’apprentissage et l’acquisition d’un vocabulaire plus riche.

3- Le développement socioaffectif :

Des études démontrent que les adolescents qui mangent souvent en famille sont moins à risque de développer des problèmes affectifs (ex. : faible estime de soi, dépression, anxiété…) et des comportements à risque (ex. : témérité, délinquance, usage de substances). Ce n’est pas étonnant, puisque comme il l’a été mentionné plus haut, c’est souvent pendant ces repas en famille que les parents transmettent leurs valeurs. Mais il ne s’agit pas de profiter des moments à table pour faire des discours moralisateurs dignes du Schtroumph à lunettes! Les facteurs de protection que comportent ces repas en famille sont la communication directe qu’ils permettent entre les gens, le sentiment d’appartenance qu’ils développent chez les enfants, leur perception que les moments partagés avec eux sont importants pour leurs parents et le fait de s’y sentir écoutés.

4- La nutrition :

Je vous parle ici d’un domaine qui n’est pas ma spécialité… des nutritionnistes pourront sûrement vous confirmer l’impact que peuvent avoir les repas en famille sur la nutrition des enfants. Mais en tant que psychologue, je peux vous dire que par le biais de l’apprentissage social, le fait de partager la table permet aux parents d’être des modèles de saines habitudes alimentaires pour leurs enfants. À force de voir les adultes autour d’eux s’en régaler, les enfants peuvent finir par oser goûter certains aliments qui ne les auraient pas initialement attirés, et ainsi réaliser que c’est bon, finalement!  Ils apprennent beaucoup par mimétisme… mais encore faut-il que vous ayez vous-mêmes de bonnes habitudes alimentaires!

L’idée, ce n’est pas de manger toujours ensemble, mais c’est plutôt de faire certains choix qui maximiseront les opportunités de le faire.

Certains d’entre vous diront qu’il n’y a pas que les repas en famille pour créer un sentiment de cohésion familiale, pour communiquer avec son enfant et lui manifester de l’affection. Il y a aussi les activités familiales, la routine du dodo… D’autres diront que certaines familles ont des repas tellement tendus, qu’il vaudrait mieux pour tous de manger chacun de son côté! Mais pour la majorité des familles dont les membres s’entendent relativement bien, dans notre course contre la montre, entre deux brassées de lessive, les vidanges à sortir, les devoirs et les activités parascolaires, les repas en famille restent parmi l’une des seules opportunités quotidiennes de se retrouver tous ensemble dans la même pièce et dans une ambiance positive. Ils ne nourrissent pas que l’estomac… ils nourrissent aussi l’esprit, le sentiment d’appartenance et l’estime de soi de vos enfants!

Bon appétit!

PS: Pour en savoir sur l’importance de manger en famille et sur les comportements alimentaires, vous pouvez consultez mon livre J’aime pas ça, j’en veux encore: Astuces et solutions pour des comportements alimentaires sains, co-écrit avec la nutritionniste Myriam Gehami, aux Éditions LaPresse.

Infolettre

Inscrivez-vous à l’infolettre pour rester à l’affût des dernières nouvelles, publications, conférences, etc.