L’éducation sexuelle de votre enfant… c’est votre affaire!

 

Marie-Claude et Charles ont une fille, Florence, et un garçon, Nathan. Ils sont jumeaux et ont 6 ans. Dans la foulée des dénonciations d’inconduites, de harcèlements ou d‘agressions sexuelles des dernières semaines, Marie-Claude et Charles remettent en question l’approche qu’ils comptaient adopter pour l’éducation sexuelle de leurs enfants. Ils se sont d’abord réjouis, au printemps dernier, lorsque le Ministère de l’Éducation annonçait son intention de ramener les cours d’éducation sexuelle dans les écoles. Ils comptaient bien sûr, à l’aube de l’adolescence, informer eux-mêmes leurs enfants sur les « mystères » de la conception d’un bébé, sur l’importance de se protéger contre les grossesses non désirées et les ITSS (infections transmises sexuellement et par le sang), sur la notion de consentement, mais ils anticipaient que ces discussions puissent causer un malaise et un peu d’émotivité chez eux-mêmes et chez leurs enfants. L’annonce du retour des cours d’éducation sexuelle à l’école les a soulagés un peu, car ils permettront aux jeunes de poser leurs questions plus délicates à quelqu’un de neutre, moins émotif et qui risque moins d’avoir un regard désapprobateur que leurs parents! Mais ce soulagement a été de courte durée… avec tout ce qui s’est passé dans l’actualité des dernières semaines, ils réalisent que la société a du chemin à faire. Ils se demandent si l’éducation sexuelle qu’ils comptaient offrir à leurs enfants et celle qui sera possiblement offerte à l’école seront suffisantes pour leur apprendre à se faire respecter et à respecter les autres dans leurs futurs rapports de séduction et leur sexualité.

Toute la société est bouleversée par les récentes allégations d’inconduites ou de harcèlements sexuels commis par des personnalités bien connues ou en position de pouvoir. L’ampleur du mouvement #moiaussi révèle au grand jour que :

  • ce problème est plus fréquent et plus répandu que plusieurs pouvaient le croire :
  • qu’il a été trop longtemps entouré d’un lourd silence;
  • et que de nombreuses victimes en on subit de graves conséquences.

Des hommes de bonne foi et respectueux des femmes ont aussi déclaré à quel point ils ont honte de ces comportements perpétrés ou cautionnés par de trop nombreux membres de la gent masculine. Plusieurs sont surpris également du fait que parmi les victimes figurent également des garçons et des hommes…

Beaucoup de gens admirent le courage des victimes qui ont parlé, et espèrent que leur démarche soit peut-être le début de changements sociaux majeurs… mais il ne faut pas avoir une pensée magique! Après une prise de conscience de l’existence d’un problème, telle que celle que nous vivons présentement, encore faut-il prendre ce problème en main et tenter d’y trouver des solutions. Qui le fera? À qui revient la responsabilité?

Bien sûr, de nombreuses personnes diront qu’il est de la responsabilité de nos gouvernements d’accélérer le retour des cours d’éducation sexuelle dans les écoles, d’établir des politiques contre le harcèlement sexuel en milieu scolaire et en milieu de travail, de faire des campagnes de sensibilisation… Ce serait, certes, de nobles efforts à faire de la part de ceux qui nous gouvernent.

Mais, comme j’ai toujours aimé la célèbre citation de John F. Kennedy…

« Vous qui, comme moi, êtes Américains, ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, mais demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays. Vous qui, comme moi, êtes citoyens du monde, ne vous demandez pas ce que les États-Unis peuvent faire pour le monde, mais demandez-vous ce que vous pouvez faire pour le monde. »

… je suis tentée de vous dire que le changement passera beaucoup par la responsabilisation de chaque individu face à ce problème, et encore plus spécifiquement par la façon dont les parents tenteront de le prévenir à travers l’éducation qu’ils offriront et les valeurs qu’ils transmettront à leurs enfants.

L’éducation sexuelle, c’est beaucoup plus large que l’explication de la « mécanique » de l’acte sexuel. C’est beaucoup plus profond que la simple prévention des ITSS ou des grossesses non désirées. C’est beaucoup plus complexe que de simplement prévenir son préadolescent des changements que son corps subira pendant sa puberté…

C’est aussi un apprentissage de la notion de respect d’autrui et de respect de soi. C’est aussi le développement des capacités d’écoute, d’empathie, de reconnaissance des émotions chez les autres et d’affirmation de soi… et ces apprentissages peuvent se faire beaucoup plus tôt qu’à la préadolescence!

Dès l’âge préscolaire, les enfants observent les adultes autour d’eux et tentent de les imiter. Dès les premières années de sa vie, les observations qu’un enfant fera de la relation entre ses deux parents influenceront sa conception des rapports amoureux. Dès ses premières interactions avec d’autres enfants, on peut apprendre à Fiston ou à Fillette qu’il-elle doit respecter les autres. On peut lui apprendre les bases de la notion d’intimité, le fait que chaque être humain a une « bulle » dans laquelle il n’aime pas qu’on fasse intrusion. On peut lui apprendre que le corps comporte des parties intimes, et qu’il doit refuser fermement que quelqu’un touche à ces parties de son corps… jusqu’à ce que l’on nuance ce refus en parlant plutôt de respect et de consentement, lorsqu’il atteindra l’âge du désir sexuel.

Avant même la préadolescence, un parent pourrait surprendre son enfant à se masturber, ou encore à jouer naïvement au « docteur » avec un autre enfant… le défi de ce parent sera d’intervenir de façon équilibrée :

  • en validant d’abord que le plaisir ressenti ou la curiosité d’explorer le corps d’un autre sont des sentiments normaux;
  • en tentant ensuite d’apprendre à son enfant la notion d’intimité (on ne touche pas les parties intimes d’un autre, on se fait ces caresses à soi-même dans l’intimité de sa chambre ou de la salle de bain);
  • sans toutefois lui transmettre la notion que ces actes sont méchants ou malveillants, car cela pourrait affecter négativement sa future sexualité.

Ouf… et ce n’est pas fini! Il reste encore toute l’éducation sexuelle « classique » que l’on offre typiquement aux préadolescents et aux adolescents à faire! Le retour des cours d’éducation sexuelle dans les écoles n’est décidément pas un luxe!

Mais n’oubliez jamais qu’une prévention adéquate des risques liés à la sexualité de votre enfant ne comporte pas seulement la transmission de connaissances, mais également la façon dont il aura été soutenu et influencé par vous depuis sa tendre enfance. Bien sûr, il sera influencé par d’autres adultes et par ses pairs… mais vous être son principal agent de socialisation.

Je suis désolée de vous responsabiliser ainsi, chers parents… mais la vérité, c’est que votre pouvoir de prévention est immense !

Infolettre

Inscrivez-vous à l’infolettre pour rester à l’affût des dernières nouvelles, publications, conférences, etc.