Quand un enfant vit un déménagement…
Annie-Claude et Stéphane sont inquiets pour leur fils Jordan, âgé de 6 ans. C’est que, comme bien des familles québécoises, ils déménageront le 1erjuillet… ça vient vite! Le petit Jordan commence à poser des questions : « Comment sera ma chambre dans la nouvelle maison? Est-ce que votre chambre sera près de la mienne? Peut-être que je ne reverrai jamais mes amis? Et si je n’arrivais pas à me faire de nouveaux copains? Et si je me perdais en me rendant à l’école? » Les parents tentent de le rassurer du mieux qu’ils peuvent en répondant à toutes ses questions, mais ils se demandent s’il n’existerait pas d’autres stratégies pour diminuer son stress. Ils sont eux-mêmes un peu stressés par toutes les étapes qui précèdent le déménagement : rendez-vous chez le notaire et à la banque, faire les boîtes, aviser les compagnies de câble, de téléphone, d’électricité, d’Internet, peinturer quelques murs, acheter des rideaux, faire le ménage de la maison actuelle… Difficile de rassurer un enfant quand on est soi-même dans l’énervement! Pourtant, on déménage souvent pour le mieux… pour intégrer une demeure plus grande ou mieux adaptée à nos besoins. Il reste que tout changement met au défi notre capacité d’adaptation et les enfants, Annie-Claude et Stéphane le réalisent bien, ont souvent besoin de l’aide de leurs parents pour traverser cette période de changements.
Un déménagement est un événement stressant pour un jeune… surtout lorsqu’il implique un changement de ville, une nouvelle école et le déracinement de sa communauté et de son groupe d’amis. Comme pour une séparation ou la recomposition d’une famille, un déménagement est une situation que l’enfant subit… il ne l’a pas choisi. Certains jeunes seront heureux de leur nouvelle maison, mais cela ne veut pas dire qu’ils ne ressentiront aucun stress au moment du déménagement. Le pire dans tout ça, c’est que souvent, les enfants n’exprimeront pas verbalement leur anxiété par rapport au changement qui vient, mais ils manifesteront plutôt des changements d’attitude ou de comportement. Certains auront des cauchemars, d’autres deviendront plus agressifs ou irritables et enfin, certains pourraient se plaindre de maux de tête ou de maux de ventre.
Heureusement, il existe plusieurs moyens d’aider un enfant à vivre un déménagement. Par exemple, afin d’éviter de le laisser dans l’inconnu et pour l’aider à se familiariser avec son futur environnement, une bonne stratégie est de l’amener quelques fois visiter le nouveau quartier, voir la nouvelle maison, faire connaissance avec les voisins et répéter à plusieurs reprises une petite marche entre la maison et la nouvelle école… Il est même possible d’aller au parc le plus près de la nouvelle demeure avec l’enfant, pour qu’il rencontre les copains potentiels du voisinage et qu’il commence déjà à croire en la possibilité de se faire de nouveaux amis.
Comme les jeunes perçoivent facilement les émotions de leurs parents, il est important de ne pas se montrer soi-même trop stressé ou négatif par rapport au déménagement. Plus on est calme et positif face au changement qui s’en vient, plus l’enfant se sentira sécurisé. Si c’est possible, les parents peuvent même partager leurs propres expériences antérieures de déménagements, surtout si ces histoires permettent à l’enfant de comprendre qu’il est normal de se sentir un peu stressé, mais qu’on finit par s’adapter à notre nouveau milieu de vie et surtout, à se faire des amis. Si les parents ont peu ou pas d’histoires positives de déménagement à raconter, il existe des livres d’histoires dans lesquels des personnages vivent la même situation et finissent par s’y adapter. Lire une telle histoire, adaptée au niveau d’âge de l’enfant, lui permettra de mieux comprendre ce qui se passera, lui donnera une occasion d’exprimer verbalement ses émotions et de discuter de stratégies d’adaptation avec son parent.
Pour les jeunes sensibles et nostalgiques, une bonne idée pour les apaiser est de prendre des photos de l’ancienne maison, de conserver des petits objets en souvenir de la maison et de les placer dans une petite boîte que l’on pourra décorer. Il est important de lui laisser l’occasion de dire « au revoir » à l’ancienne maison une fois qu’elle est vide. Aussi, lorsqu’on arrive dans la nouvelle demeure, il est important de tenter d’avoir une routine stable le plus rapidement possible… la stabilité aidera l’enfant à s’adapter plus vite.
Avant et après le déménagement, il faut s’attendre à peut-être devoir prolonger la routine du dodo pour rassurer Fiston ou Fillette, et l’aider à se détendre. Si l’enfant exprime son angoisse, il faut se montrer à son écoute et surtout ne pas banaliser sa détresse. Après le déménagement, lorsqu’il parle d’événements de la journée qui démontrent qu’il s’adapte, il est important de lui dire qu’on est fier de lui plutôt que de lui dire « je te l’avais bien dit ». Pourquoi? Parce qu’il vaut mieux augmenter sa confiance en lui que sa confiance en notre capacité de prédire l’avenir!