Quand un enfant a peur de dormir seul

 

Anne-Sophie, 4 ans, met beaucoup de temps à s’endormir. Elle réclame souvent la présence de ses parents dans sa chambre après la routine du dodo. La nuit, lorsqu’elle s’éveille, elle pleure, elle dit qu’elle a peur et qu’elle ne peut pas dormir seule. Ses parents, qui n’ont pas pu profiter d’une nuit complète depuis des semaines, sont désespérés et se demandent comment agir. Le père tente de raisonner Anne-Sophie en lui disant qu’il n’y a rien de dangereux et qu’elle peut passer la nuit seule dans sa belle chambre. Toutefois, depuis plusieurs jours, la mère parle de la laisser dormir dans le lit conjugal afin d’avoir une bonne nuit de sommeil, une fois pour toutes. Le père hésite à intervenir de la sorte pour plusieurs raisons : il a peur que Anne-Sophie prenne trop de place dans le lit et que ce soit inconfortable, il a peur de lui faire mal ou même de l’écraser durant son sommeil et il croit qu’une fois qu’ils lui auront permis de dormir une nuit avec eux, il sera bien difficile de la convaincre de regagner son lit d’enfant et de retrouver leur intimité de couple.

Les problèmes de sommeil chez un enfant sont probablement parmi les plus difficiles à vivre pour les parents. Il n’y a rien de pire que de voir ses nuits de sommeil constamment interrompues… En fait, interrompre le sommeil des prisonniers a même déjà été une forme de torture au cours de certaines guerres! De plus, lorsque l’on souffre d’un manque de sommeil, il est difficile d’intervenir rationnellement au beau milieu de la nuit… sans être tenté d’acheter la paix.

Il est également important de comprendre que pour l’enfant, la nuit peut être quelque chose d’insécurisant… il fait noir et il doit être séparé de ses parents pendant plusieurs heures, alors qu’eux dorment ensemble. Dans certains cas, la peur sera passagère et se dissipera d’elle-même. Dans d’autres cas, la peur de l’enfant nécessitera une intervention des parents.

Pour bien des gens, amener son enfant dormir avec soi peut sembler efficace à court terme. L’enfant, rassuré par la présence de ses parents, s’endormira plus facilement. Cependant, lorsqu’on le remettra dans la situation initiale qui lui faisait peur – dormir seul dans sa chambre – la peur reviendra et on s’apercevra alors que le problème n’était pas vraiment réglé… il était seulement « camouflé »! En fait, en amenant l’enfant dormir avec soi, on lui confirme indirectement ses fausses croyances anxiogènes : qu’il a besoin de dormir avec ses parents, qu’il est dangereux de dormir sans eux, qu’il ne pourra jamais dormir seul… De plus, il ne peut plus s’habituer à l’environnement de sa chambre.

Comment régler le problème? Une première façon d’intervenir est de reconduire l’enfant dans sa chambre chaque fois qu’il se lève, sans se mettre en colère et en lui disant des paroles rassurantes. Si possible, le parent peut rester près de lui jusqu’à ce qu’il s’endorme. Évidemment, cela demande du temps, de la patience et de l’énergie aux parents. Mais, au bout de quelques jours ou de quelques semaines, l’enfant aura un sommeil plus paisible, se réveillera moins souvent, et s’endormira plus facilement, rassuré par la confiance qu’il peut avoir en ses parents. De plus, puisque cette approche le fait dormir dans sa chambre, elle lui permet d’apprivoiser graduellement le fait de dormir dans cet environnement.

Pour ceux qui préfèrent être moins dérangés durant la nuit, il y a également la possibilité d’installer un matelas dans la chambre de l’enfant afin qu’un des deux parents y passe la nuit. Encore une fois, il s’agit d’offrir une présence rassurante à l’enfant, tout en lui permettant de s’habituer à sa chambre. Au fur et à mesure que sa peur diminue, le parent peut augmenter progressivement la distance entre son matelas et le lit de l’enfant, afin que ce dernier s’adapte graduellement à dormir de plus en plus séparé de son parent… jusqu’à ce que le matelas soit dans le corridor! À ce moment, l’enfant est probablement prêt à accepter que Papa ou Maman regagne le lit conjugal. Alors, une belle routine rassurante d’avant dodo suffira à le détendre pour qu’il puisse trouver le sommeil de façon autonome, sans l’accompagnement d’un parent. À court terme, cette technique demande plus de temps et d’efforts que de permettre à l’enfant de dormir dans le lit conjugal… mais elle permet d’éliminer réellement la peur, plutôt que de simplement l’éviter temporairement.

Les parents pourront ensuite retrouver des nuits complètes, leur intimité… et peut être même en profiter pour concevoir un autre enfant!

 

PS : Pour plus d’informations sur le sommeil des enfants, vous pouvez consulter mon livre Chut! Fais dodo…, publié aux Éditions La Presse.

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