Aider son enfant à s’adapter à l’arrivée d’un petit frère ou d’une petite soeur

 

Maélie, trois ans, a un petit frère âgé de quatre mois, Elliot. Elle a bien réagi à sa naissance, et s’est même montrée enthousiaste dès l’annonce de la grossesse. Ses parents étaient heureux de la voir réagir aussi positivement, car ils anticipaient un sentiment de jalousie, d’insécurité ou de rivalité chez leur grande fille. Mais voilà que depuis quelques jours, Arianne, sa mère, remarque qu’elle a recommencé à sucer son pouce et qu’elle lui demande souvent si elle l’aime. Lorsqu’elle a amené les enfants au parc, les autres mamans lui ont dit que cela pouvait être une réaction à l’arrivée du petit frère. Voyant la surprise et l’inquiétude sur le visage d’Arianne, une autre mère a ajouté en riant : « Ne t’en fais pas trop… ta fille réagit avec un peu d’insécurité, c’est tout. Le mien s’était mis à faire de mauvais coups et était très agressif envers sa petite sœur! » De retour à la maison, Arianne confie à son conjoint qu’ils se sont réjouis trop vite et que, finalement, Maélie a une petite réaction négative à la présence de son frère. Sans se décourager, puisque la réaction est légère, les deux parents se demandent comment aider Maélie à s’adapter à son nouveau statut de grande sœur…

Parents inquiets et en quête d’harmonie familiale parfaite, rassurez-vous! L’arrivée d’un nouvel enfant implique une période d’adaptation pour TOUS les membres de la famille, vous y compris! Il faut quelques semaines, voire quelques mois, avant de retrouver un équilibre dans la gestion du temps, des routines, des émotions et des rôles de chacun.

Si vous-même, adultes expérimentés et pleins de ressources, avez besoin de temps pour vous adapter, imaginez pour un enfant de trois ans! Les aînés d’une famille peuvent être insécurisés par l’arrivée d’un petit frère ou d’une petite sœur : « Est-ce que Papa et Maman m’aimeront encore autant, est-ce que le bébé va devenir plus important que moi, va-t-il briser mes jouets? » Cette insécurité peut se manifester d’une manière très variable d’un enfant à l’autre. Les réactions peuvent varier entre l’agressivité, les comportements de régression (revenir à de comportements de bébé, comme sucer le pouce, mouiller sa culotte, demander la suce, parler en bébé…), la recherche d’attention et l’anxiété (ex. : pleurs avant le dodo).

En tant que parent, il ne faut pas percevoir ces réactions comme un signe que notre aîné n’aimera jamais son petit frère ou sa petite sœur. Il s’agit simplement d’un signe que votre grand garçon ou votre grande fille a besoin de votre aide pour s’adapter aux changements que l’arrivée du nouveau-né apporte à la famille. Au lieu de vouloir ABSOLUMENT que vos deux enfants s’aiment inconditionnellement et de « forcer » l’aîné à accepter le cadet, validez son émotion. Reconnaissez que ses émotions sont normales. En fait, trop forcer les choses peut rendre le petit encore plus aversif aux yeux de l’aîné… l’important c’est surtout que les deux enfants se sentent aimés de leurs deux parents.

Pour sécuriser l’aîné et faciliter son adaptation, plusieurs solutions peuvent être mises de l’avant. Premièrement, vous pouvez regarder avec lui des photos de votre grossesse (lorsque vous l’attendiez), des photos de lui lorsqu’il avait le même âge que Petit Frère ou Petite Sœur. Cela lui permettra de réaliser, avec preuves à l’appui, que ses parents étaient tout aussi heureux lors de son arrivée et que lui aussi a reçu les mêmes soins et les mêmes petites attentions que le nouveau venu. Ensuite, on peut impliquer le grand frère ou la grande sœur dans les soins à offrir au petit (ex. : lui chanter une berceuse avant le dodo, lui donner sa suce…). Cela favorisera une interaction positive et un attachement entre eux. Votre aîné pourrait également se sentir valorisé par sa capacité à donner ces soins. Toutefois, s’il refuse de vous aider et ne montre pas d’intérêt aux soins à prodiguer au bébé, lâchez prise. Cette solution ne sera efficace que si ça l’intéresse et si ça le valorise. Il est également important que l’aîné sente qu’il a des privilèges de grand frère ou de grande sœur (ex. : jouer à des jeux de « grands » pendant que bébé dort), surtout s’il semble envieux ou jaloux des soins et de l’attention donnés à Bébé. Vous pouvez aussi tenter de favoriser les interactions entre l’aîné et le nouveau-né, en lui faisant remarquer les réactions positives de Bébé à son endroit. N’oubliez pas d’accorder régulièrement des moments de rapprochement à votre aîné. Cela le sécurisera, car il se rendra compte que Maman et Papa l’aiment tout autant et qu’ils le considèrent toujours comme ayant une place importante dans la famille. Enfin, le fait de lire des livres d’histoire dans lesquels un enfant a un nouveau frère ou une nouvelle sœur lui permettra de réaliser qu’il n’est vraiment pas le seul au monde à vivre cette situation et que les émotions qu’il vit par rapport à ce grand changement sont normales.

Notez bien que certains enfants n’auront jamais besoin de toutes ces interventions pour s’adapter à l’arrivée de leur frère ou de leur sœur, tandis que d’autres éprouveront des difficultés malgré toutes ces interventions. Les parents ne peuvent faire que leur possible! Parfois, la rivalité entre frères et sœurs durera toute l’enfance et toute l’adolescence. Mais pour plusieurs, l’adolescence se terminera par le développement de liens plus cordiaux, un regard humoristique sur leurs anciens conflits et une évolution vers une belle amitié.

PS : Pour plus d’informations sur les relations fraternelles, vous pouvez consulter mon livre C’est pas moi, c’est lui, publié aux Éditions La Presse.

 

 

 

 

 

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