L’amour fraternel… une utopie des parents?

 

Depuis quelques jours, Chantal et Éric remarquent que le niveau de conflit augmente entre leurs deux enfants. En effet, Nathan, l’aîné, est un peu plus agressif avec Alexie depuis que cette dernière sait marcher et qu’elle se montre plus intrusive dans l’espace de son grand frère! Et malgré qu’Alexie soit encore petite, elle n’hésite pas à se défendre lorsque son grand frère l’attaque. Ainsi, les parents sont beaucoup dans la résolution de conflit ces jours-ci. En cette période de l’année où nous célébrons la St-Valentin, Chantal et Éric se questionnent sur l’amour fraternel. Comment deux petits enfants issus de parents qui s’aiment tant peuvent-ils être aussi agressifs l’un avec l’autre? Bien sûr, les conflits entre frères et sœurs sont normaux, mais jusqu’à quel point les parents doivent-ils s’en mêler et surtout, jusqu’à quel point peuvent-ils exiger à leurs enfants de s’aimer?

Les parents aiment tous leurs enfants de façon égale, avec leurs qualités et leurs défauts, de façon inconditionnelle. La plupart souhaitent que leurs enfants s’aiment entre eux. Malheureusement, l’amour fraternel n’est pas aussi inconditionnel… il ne vient pas sur commande et dépend de nombreux facteurs, dont plusieurs échappent au contrôle des parents.

En fait, la façon dont les enfants s’entendront peut dépendre de la différence d’âge entre eux, du fait qu’ils soient de même sexe ou non, de la comptabilité de leurs tempéraments… ce qui fait en sorte que les relations fraternelles sont parfois harmonieuses, et d’autres fois empreintes de rivalité.

Lors de conflits ou d’agressivité dans la fratrie, les parents ont souvent tendance à paniquer, car ils veulent que leurs petits s’aiment, comme eux les aiment… mais il faut savoir que la réaction d’un parent lors d’un conflit dans la fratrie peut atténuer ou exacerber le niveau de tension entre les enfants. Si on cherche toujours un coupable (plutôt que des solutions), qu’on responsabilise constamment le plus vieux, qu’on confisque automatiquement un jouet ou qu’on met systématiquement les enfants en retrait lors de leurs disputes, on peut augmenter la rivalité fraternelle et passer à côté de l’occasion exceptionnelle d’apprentissage qu’offrent les conflits.

En effet, les parents sont souvent surpris lorsque je leur dis que les conflits sont des occasions parfaites pour apprendre aux enfants à communiquer et à résoudre des problèmes. Leur rôle, lorsque leurs enfants se chicanent, devrait être celui d’un médiateur qui guide les enfants dans les étapes d’une résolution de conflit :

  • Étape 1 : Se préparer à la discussion, par exemple en se calmant si on est trop en colère.
  • Étape 2 : Identifier le problème et la cause du conflit
  • Étape 3 : Écouter l’autre attentivement sans l’interrompre, et exprimer notre point de vue de façon respectueuse
  • Étape 4 :Trouver des points d’entente et des points de mésententes pour lesquels des solutions devront être appliquées
  • Étape 5 : Générer des solutions (toutes les solutions, même les plus folles!)
  • Étape 6 : Choisir une solution et faire un plan (où, quand et comment la mettre concrètement en pratique).

Avec le temps, en prenant de la maturité et avec la répétition de ces étapes, les enfants deviendront de plus en plus autonomes dans la gestion de leurs conflits, de sorte que la plupart de leurs chicanes se résoudront sans que les parents se rendent comptent de quoi que ce soit.

En jouant bien ce rôle de médiateur, les parents peuvent favoriser une meilleure entente entre leurs enfants. Évidemment, toutes sortes d’autres actions peuvent favoriser une harmonie familiale, entre autres :

  • Les repas en famille
  • Les jeux en famille qui demandent la collaboration et un esprit d’équipe
  • Accorder des moments d’attention exclusive à chaque enfant, sur une base quotidienne (même les plus vieux en ont besoin)
  • Éviter les conflits de couple devant les enfants
  • Etc.

Des actions de ce genre peuvent faire en sorte qu’une cohésion et un sentiment d’appartenance familiale se développent et se maintiennent, favorisant ainsi l’amour fraternel. Évidemment, ces stratégies parentales ne sont pas infaillibles et certains frères et sœurs, ayant des tempéraments incompatibles, seront distants l’un de l’autre ou même se détesteront toute leur vie, sans que les parents aient un pouvoir sur la situation. Mais, la plupart du temps, la rivalité fraternelle durant l’enfance fera place à une belle amitié lorsque les frères et sœurs approcheront l’âge adulte, particulièrement lorsqu’ils dépendront moins de leurs parents et qu’ils n’auront plus à vivre ensemble.

 

PS : Pour plus d’informations sur les relations fraternelles, vous pouvez consulter mon livre C’est pas moi, c’est lui, publié aux Éditions La Presse.

 

 

 

Infolettre

Inscrivez-vous à l’infolettre pour rester à l’affût des dernières nouvelles, publications, conférences, etc.