Profiter de l’adolescence de son enfant

 

Pascale et François ont une fille, Léa (11 ans), qui entrera bientôt dans l’adolescence. Ils anticipent cette étape de la vie de leur enfant avec des attitudes complètement différentes. Pascale angoisse à l’idée des conflits qui éclateront probablement très bientôt entre elle et sa fille. Elle se souvient que, les premiers mois suivant son accouchement, les gens l’abordaient en lui disant « Quel beau bébé… profitez-en. Ça passe très vite. Elle sera rendue à l’adolescence sans que vous n’ayez eu le temps de vous apercevoir de quoi que ce soit! » Les gens ne croyaient pas si bien dire! De son côté, François est beaucoup plus positif et tente de rassurer sa conjointe. « Tous les ados ne sont pas si difficiles, et cette période aussi passera très vite. Au fond, ce sont nos dernières années de vie commune avec notre fille, et nous devrions peut-être en profiter plutôt que d’être sur la défensive. Bientôt, le nid sera vide! » Après réflexion, Pascale se dit que c’est probablement François qui a la meilleure attitude. Léa est une fille raisonnable et respectueuse. Et même s’il devait y avoir quelques conflits isolés durant son adolescence, ce n’est pas en les anticipant avec émotivité qu’elle parviendra à bien les résoudre.

Comme Pascale, beaucoup de parents ont un peu peur de l’éventuelle et inévitable adolescence de leur enfant. C’est normal… cette période est souvent décrite comme étant tumultueuse et remplie de conflits. Certains parlent même de « l’âge ingrat », au cours duquel nos enfants cessent de nous percevoir comme des héros et se mettent tout à coup à découvrir nos défauts en disant, les yeux levés au ciel, que nous ne comprenons rien à leur génération.

Pourtant, à cet âge, ils ont besoin plus que jamais que nous soyons à leurs côtés et que nous nous efforcions de maintenir une belle relation avec eux. En effet, il s’agit d’une période de la vie où les sources de stress sont nombreuses :

  • Entrée à l’école secondaire, plus exigeante et plus impersonnelle que l’école primaire
  • Changements du corps associés à la puberté
  • Pression exercée par les pairs
  • Première relation amoureuse
  • Première peine d’amour
  • Choix de cours et de carrière
  • Premier emploi rémunéré

C’est le moment tout indiqué pour leur manifester notre amour inconditionnel, même si à l’occasion, ils peuvent « tester » cet amour ou le mettre à l’épreuve! En effet, après une dure journée à l’école, ce sont souvent les parents qui écopent de la mauvaise humeur de leur ado. Lorsque cela se produit, on peut lui rappeler gentiment de demeurer respectueux, pour ensuite lui offrir notre écoute et notre soutien, s’il souhaite se confier à nous… Autrement dit, on n’est pas obligé d’accepter d’être son « punching bag », mais on n’a pas non plus à prendre sa mauvaise humeur à un niveau personnel et entrer dans une lutte de pouvoir avec lui!

Plusieurs parents anticipent également un détachement de leur ado, voire même d’être rejeté par lui. Ils n’ont pas tout à fait tort, car à cet âge, il est tout à fait normal que la relation parent-enfant subisse des transformations majeures. Pour devenir un adulte autonome, responsable et qui fait ses propres choix, l’ado doit « défusionner » son identité de celle de ses parents, et se construire la sienne. Cela passe souvent par une remise en question plus ou moins profonde des valeurs et des attitudes des parents. Mais cela ne veut pas dire que l’ado se détache complètement de ses parents. En fait, lorsque la relation avec eux demeure assez positive, les parents resteront une source d’influence très importante pour leur ado. Certaines études démontrent même que les adolescents qui ont eu un lien d’attachement « sécure » avec leurs parents durant la petite enfance ont tendance à démontrer plus de compétences sociales et un meilleur bien-être (Cooper, Shaver, & Collins, 1998; Egeland & Carlson, 2004; Hilburn-Cobb, 2004). D’autres études ont permis de découvrir qu’un bon lien d’attachement entre parents et ados diminuait les probabilités que ces derniers adoptent des comportements problématiques (Allen, Hauser, Eickholt, Bell, O’Conner, 1994). Idéalement, une partie de l’attachement qui lui a permis d’explorer son environnement lorsqu’il était bébé résistera aux remises en question de l’adolescence, et lui permettra d’explorer un univers qui deviendra de plus en plus vaste et complexe.

Enfin, avoir un ado chez soi ne comporte pas que des inconvénients… quand on s’intéresse à ce qu’il vit au quotidien, à ses passions, il peut nous aider à rester « branchés », tant sur le plan des nouvelles technologies, que de la mode, des artistes émergents et des courants sociaux. Son indépendance grandissante et son besoin d’intimité permettent au couple de parents de retrouver une certaine liberté. Enfin, quoi de plus beau que de voir la transformation d’un enfant en un adulte autonome et épanoui… à bien y penser, l’adolescence sera une partie très importante de sa vie, et quelques années après, il sera parti. Aussi bien lui tendre la main, et tenter de profiter de ces dernières années à vivre avec lui!

 

PS : Pour plus d’informations sur l’adolescence, vous pouvez consulter mon livre Les ados, guide de survie pour parents, publié aux Éditions La Presse.

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